Tant qu'on ne remplit pas le vide, il reste plein

Comment expliquez-vous que l'on discute encore alors que tout a été dit ?

exodus a écrit:

"le degré de force de la volonté se mesure au degré jusqu'où l'on supporte de vivre dans un monde dépourvu de sens".

Avec cette phrase au moins, tu dispose de la moëlle de la pensée nietzschéenne ! Je ne sais pas si le rapport avec le topic est évident, en tout cas cette citation c'est du Fredo tout craché... Bon je vais par faire de l'xplication de texte pour vous épargner un peu de mes divagations.
Toujours est-il, une théorie moins connue que celle de Nietzsche est celle de Paul Valéry, à propos de l'art. Sa théorie ethétique peut se dire ainsi : la nature a horreur du vide. Et la nature humaine, par conséquent, abhorre le vide également. Dans le silence d'une salle d'attente, ou quand le vide que représente l'ennui se met à poindre, on griffonne sur un bout de papier, on tape un rythme rudimentaire avec ses mains, pour structurer ce temps et cette espace neutre, vide. De là naît l'art : de l'ornement, de la structuration du vide, de la mise en forme d'une neutralité trop vertigineuse.
La poésie pour Valéry, c'est aussi ce vers tombés des cieux, "cadeau de la muse", pur diadème au milieu du magma de la pensée ordinaire, du ronronnement idiot et incessant des idées habituelles, du bourdonnement constant de cette voix interne qui parle un langage inintéressant, banal, plat. Le premier vers, c'est ce diadème au milieu de la boue, c'est le scintillement de l'écume en haut de la masse de la vague.
Le travail sera le pendant de ce don : il faudra travailler dur pour donner des frères dignes du vers premier. Ce vers, ce cadeau, est d'ailleurs une sorte de cadeau empoisonné, qui blesse mon ego : il n'est pas de moi ! Ce n'est pas moi l'auteur de ce vers ! Je n'ai rien demandé, il est venu seul, comme par miracle.Pour Valéry, c'est une blessure d'ego qu'il va falloir soigner par le travail, par une production qui soit mienne.
Bon voilà, ça ne parle que de façon latérale du topic, mais ça m'a fait penser à ça l'histoire du vide...

Peut-être deviendrons nous heureux le jour ou nous serons capables d'aimer le vide ?

Peut-être que c'est notre peur du vide qui entraine les soubresauts de l'humeur, nos erreurs et nos crimes. Et peut-être que de faire la paix avec le vide, entraine un meilleur équilibre entre nous et chaque chose, et les gens.

Peut être que la peur du vide est la peur de la solitude, et nous entraine vers le remplissage à tout prix, afin de combler nos pauvres vies...

Nous ne discutons pas pour dire quelque chose, mais pour entendre le son de notre voix.

C'est bo.

Quelle belle voix tu as, tao !