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 Les pervers, entre le sublime et l’abject

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Ornicar

Ornicar


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MessageSujet: Les pervers, entre le sublime et l’abject   Les pervers, entre le sublime et l’abject EmptyVen 18 Jan 2008 - 13:19

Lu sur le blog de Pierre Assouline, dans le Monde.

http://passouline.blog.lemonde.fr/

ça m'a semblé intéressant. Qu'appelle-t-on perversion ? Quelles en sont les limites légales, sociales, affectives, etc.

L'article :

" Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existait pas à ce jour d’histoire des pervers en librairie. Non une histoire de la perversion, déjà étudiée par les psychanalystes, mais bien des pervers qu’ils fussent appelés anonymes, misérables, minuscules, infâmes, antiphysiques ou pervers. C’est dire si l’essai historique d’Elisabeth Roudinesco La part cachée de nous-mêmes (229 pages, 18 euros, Albin Michel) était espéré sinon attendu. De nos jours, l’adjectif est aussi galvaudé que le nom et il courant que “perversité” soit employé en lieu et place de “perversion”. Celle-ci a la particularité de pouvoir être considérée comme sublime ou abjecte selon l’angle de vue : artistique, créateur ou lystique, et donc fécond, il est sublime ; mais lorsqu’il n’aboutit qu’à la satisfaction d’une pulsion de mort, il est abject. On voit par là que l’affaire est risquée pour celui qui se lance dans une anthopologie culturelle du bonheur dans la destruction, cette jouissance du mal que l’on s’inflige ou que l’on fait subir à l’autre dans un débordement de sens. Dans une langue très fluide exempte de jargon médical ou psychanalytique, Elisabeth Roudinesco montre bien comment la perversion est cette chose chachée en nous que nous refusons de voir, la face nocturne de l’homme.

Les grands auteurs (Sade, Huysmans, Bataille, Lever) et les grandes figures (Gilles de Rais) sont convoqués et étudiés pour essayer de cerner dans toutes ses expressions l’inhumanité propre à l’homme. L’auteur consacre de nombreuses pages, très fouillées dans leur analyse, à rétablir le génie de Sade débarrassé de ses légendes, celui d’un écrivain qui n’eut de cesse d’inverser la Loi mais par l’écriture et non en actes. C’est de lui que date cette idée que la perversion s’inscrit dans une sexualité contre nature. On ne le rappellera jamais assez : Sade, qui passa en tout vingt huit ans derrière des barreaux de toutes sortes, fut le seul écrivain français avant Victor Hugo à se prononcer pour l’abolition inconditionnelle de la peine de mort. D’autres pages sont consacrées au statut de l’homosexuel (et à la dénonciation permanente de la sodomie) comme figure paradigmatique du pervers aux yeux des religions monothéistes ; au XIXème, il incarnera, avec la femme hystérique et l’enfant masturbateur, les figures majeures de la perversion aux yeux des docteurs du sexe. D’autres encore, qui seront certainement discutées tant elles bousculent, à Auschwitz, trou noir de l’Ocident, comme paradigme de la plus grande perversion possible de l’idéal de la science : Roudinesco soutient que contrairement à la Kolyma ou à Hiroshima, le crime y a été commis “au nom d’une norme rationalisée et non pas en tant qu’expression d’une transgression ou d’une pulsion non domestiquée”. En ce sens, le nazi n’a rien de sadien, car le criminel sadien ne consentirait jamais, lui, à se soumettre à une raison d’Etat qui l’assujettirerait à une loi du crime."

Si la solution finale fascine l’auteur, c’est qu’elle est le fruit d’un système pervers qui est, à lui seul, l’inventaire de toutes les perversions possibles : assassinat, torture, éviscération, esclavage, harcèlement moral, tonsure, souillures, tatouage, viol, vivisection, dévoration par les chiens… De la pulsion de mort à l’état brut. Dans les camps de concentration comme dans les camps d’extermination nazis, les SS jouissaient d’un mal normalisé car c’est un mal d’Etat comme il y a une raison d’Etat. On ne s’étonnera donc pas que, puisqu’ils avaient fanatiquement adhéré à un système pervers, ils aient tous nié leur acte sous couvert d’obéissance aux ordres, au procès de Nuremberg. Ils n’étaient pas plus des sadiens qu’ils n’étaient des animaux, lesquels ne sont ni pervers ni criminels. Il n’y a que des humains qui soient capables de tels crimes : “la “bête immonde” n’est pas l’animal mais l’homme”. Elisabeth Roudinesco en fait une transition pour élargir son étude à la zoophilie qui n’est plus une perversion sur le plan social, elle n’est plus pénalisée depuis que la bestialité et la sodomie ne sont plus considérés comme des crimes : mais lorsqu’un homme ou une femme est soupconné d’entretenir des relations sexuelles avec un animal, cela relève-t-il encore de la maltraitance ?

Le fait est que le mot même de “perversion” s’est effacé du lexique habituel de la psychiatrie pour laisser place à celui de “paraphilie”. La faute au DSM, ce fameux manuel diagnostique des troubles mentaux, un manuel américain qui fait autorité un peu partout. Qui est paraphile selon lui ? A peu près tout le monde. Jugez en plutôt par son catalogue de fantasmes et de pratiques : exhibitionnisme, transvestisme, frotteurisme, voyeurisme, fétichisme, pédophilie, masochisme sexuel… Mais plus les psychiatres parlent de “paraphilie”, plus l’opinion emploie communément “effet pervers” ou “système pervers”. Dans la France du XXIème siècle, c’est la loi qui définit le pervers ; or, seuls la pédophilie et l’exhibitionnisme sont réprimés comme crime ou délit. Le pervers privé a tous les droits dès lors qu’il ne menace pas la société. Pédophile, terroriste et même SDF, le pervers s’est réincarné dans “la figure de l’autre absolu que l’on rejette au-delà des frontières de l’humain tantôt pour le traiter, de façon perverse, comme un déchet, et tantôt au contraire,, pour combattre sa tyrannie, dès lors qu’il parvient à exercer une emprise malfaisante sur le réel.” Ceux qui connaissent déjà l’oeuvre et les prises de position d’Elisabeth Roudinesco, tant son histoire et son dictionnaire de la psychanalyse que sa biographie de Lacan ou ses articles, ne seront pas surpris d’apprendre qu’elle plaide in fine contre un traitement exclusivement chrirurgical ou médicamenteux des pervers sexuels ; autant dire qu’elle est favorable à un traitement qui réunisse le cas échéant la camisole chimique, la pyschotérapie, la surveillance, la prise en charge et l’enfermement sous certaines conditions. Le traitement de la perversion révèle cruellement les limites de la science médicale moderne, au fond assez désemparée face aux dérèglements du psychisme."
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Pizza Man




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MessageSujet: Re: Les pervers, entre le sublime et l’abject   Les pervers, entre le sublime et l’abject EmptyVen 18 Jan 2008 - 14:04

Je suis d'avis que la «perversion» sous toutes ses formes imaginables est limitée proportionnellement aux limites de ceux qui nous entourent, entre l'acceptable, le tolérable et l'intolérable. Il me semble que outre-passer ces limites, est un viol pur et simple. Je pense entre autre au harcèlement sur le marché de l'emploi, ou l'abus de pouvoir de la part d'un supérieur par-exemple (qui est chose courrante), les contacts physiques non désirés, etc.
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Wolmar

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MessageSujet: Re: Les pervers, entre le sublime et l’abject   Les pervers, entre le sublime et l’abject EmptyVen 18 Jan 2008 - 14:19

La perversion, c'est selon moi (et étymologiquement parlant) le détournement d'un élément, d'une activité, et le plus souvent d'un but, pour les substras qu'il génère. Exemple type : tout l'attirail qui peut servir au plaisr sexuel alors que la procréation ne les recquiert point.
Mais plus encore, la perversion, c'est ce comportement abject qui consiste à écraser ou mépriser autrui en feignant de ne pas le faire, et en faisant passer l'autre pour fou. C'est la méthode classique des pervers : dans le harcèlement sexuel, le "elle l'a bien cherché" revient comme une litanie. C'est aussi tenter d'étouffer sa responsabilité sous la mise au jour d'une responsabilité plus lourde chez autrui : tous ces cas sont communs chez les enfants, et ils se voient aisément ; les adultes en font tout autant, mais avec plus de perversion, d'où le vice même de la démarche... Le propre du pervers, c'est de passer pour ne l'être pas, pour mieux encore faire agir son emprise de perversion.
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Ornicar

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MessageSujet: Re: Les pervers, entre le sublime et l’abject   Les pervers, entre le sublime et l’abject EmptyVen 18 Jan 2008 - 15:11

Wolmar a écrit:
La perversion, c'est selon moi (et étymologiquement parlant) le détournement d'un élément, d'une activité, et le plus souvent d'un but, pour les substras qu'il génère. Exemple type : tout l'attirail qui peut servir au plaisr sexuel alors que la procréation ne les recquiert point.

Tu parles de détournement, comme on parle de déviance (ou les psy de l’article, de paraphilie) c’est à dire d’écart par rapport à une norme. La norme que tu cites en référence est celle définie par la culture judéo-chrétienne : est une perversion toute pratique sexuelle n’ayant pas la procréation pour but. Bien sûr, en premier lieu, viennent l’homosexualité, la zoophilie, la masturbation, l’onanisme, la sodomie, mais aussi le plaisir féminin (pas indispensable à la reproduction, je vous le rappelle) et même les baisers sur les lèvres (perversion très répandue, mais on se souvient du curé de Cinéma Paradisio, qui censure aux ciseaux les scènes sentimentales dans la cabine de projection de Philippe Noiret.)

Cette norme est aussi celle des psychologues qui, pour éviter de s’empêtrer dans des jugements de valeur et des préjugés culturels, appellent perversion toute pratique n’ayant pas la procréation pour but. Un adorateur des baisers dans le cou et un fétichiste du string léopard sont tous les deux pervers sur un pied d’égalité, sous l’œil du thérapeute.

Mais on n’est pas obligés de se limiter à cette seule norme ancestrale, aux prétentions de droit naturel. Une approche plus moderne consiste à prendre pour référence le consentement mutuel. C’est plus ou moins le point de vue de PizzaMan. Mais cette notion radicale de consentement présuppose une société d’individus idéalement libres. Un consentement obtenu sous la contrainte, par la manipulation ou des pressions psychologiques n’est pas recevable. Or, qui donc est exempt de pressions psychologiques ou de manipulations. C’est parfois parfaitement innocent. Si je demande de but en blanc à une femme (au hasard) de coucher avec moi, il est probable qu’elle refuse. Mais si je la courtise, la séduis, en soignant mon apparence, en faisant attention à elle, alors j’altère ça capacité à formuler un consentement valide. Un simple « oui » sur ses lèvres ne garantit nullement que je n’abuse pas de la situation.

C’est pourquoi on n’entend parfois qu’un consentement n’est recevable qui si la relation entre les deux partenaires est riche, profonde, sincère. Bref, s’ils s’aiment. Cette théorie plus modérée du consentement permet de garantir les conditions optimales pour un consentement mutuel valide, mais définit comme potentiellement perverse toute relation sexuelle sans lendemain ou dépourvue de sentiments profonds, même si les participants y consentent officiellement.

Wolmar a écrit:

Mais plus encore, la perversion, c'est ce comportement abject qui consiste à écraser ou mépriser autrui en feignant de ne pas le faire, et en faisant passer l'autre pour fou. C'est la méthode classique des pervers : dans le harcèlement sexuel, le "elle l'a bien cherché" revient comme une litanie. C'est aussi tenter d'étouffer sa responsabilité sous la mise au jour d'une responsabilité plus lourde chez autrui : tous ces cas sont communs chez les enfants, et ils se voient aisément ; les adultes en font tout autant, mais avec plus de perversion, d'où le vice même de la démarche... Le propre du pervers, c'est de passer pour ne l'être pas, pour mieux encore faire agir son emprise de perversion.

Ne parles-tu pas là de perversité, plutôt que de perversion ?
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Wolmar

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MessageSujet: Re: Les pervers, entre le sublime et l’abject   Les pervers, entre le sublime et l’abject EmptyVen 18 Jan 2008 - 15:42

C'est bien possible ; mais je ne fais de différence entre les deux termes qu'en ceci : la perversion est l'aspect "théorique", la maladie, et la perversité, ben c'est la perversion en acte, de manière pragmatique.
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