Note. Pièce en un Acte dans le style démodé. Écrite en collaboration par Suhali et Gilles.
Tea Time - A Decent proposal
— Un thé ?
— Auriez-vous une rondelle de citron, je vous prie ?
— Bien sûr, ma chérie.
— « Ma chérie »… Vous vous adressez bien à moi ?
— Je m'adresse à vous, oui…
— Ah! ... Cher ami cela voudrait-il dire que...
— … je vous aime, oui. Épousez-moi !
— Vous… me voyez… surprise… Je vous demande un peu de temps…
— Bien entendu, ma chère. Je vous donne une heure.
— Mais mon ami, c'est un ultimatum ! Une heure ? Vous n'y pensez pas ?
— Oh… Excuse me, my dear. J'avais compris vous à la lettre… You said « Un peu de temps ».
— Vous êtes pardonné. Quand je dis un peu de temps c'est… Enfin… un certain temps… quelques heures… un jour peut-être…
— Oh ! Splendid ! Voici le citron. Si vous permettez, je vais me verser un scotch.
— Merci mon ami. Je réfléchis… Voulez-vous bien me servir un peu de cherry ? Je pense que cela m'aidera…
— Of course… Voici. Then… Vous acceptez de m'épouser ?
— Ne soyez pas si impatient. Il n'y a pas plus de dix minutes de passées. Je n'ai pas dit non…
— Mais vous resterez tout de même à dîner ?
— C'est si gentiment proposé... je ne peux pas refuser.
— Et vous resterez peut-être un peu… après le dîner ?
— Vous voulez dire… nous serions… seuls tous les deux ? Je sais que nos amis doivent partir. Quelques-uns ont-ils décidé de rester après le dîner ?
— Non… Aucun… Sauf si vous, vous acceptez de rester ?
— Ah ! … c'est que… J'hésite…
— Il s'agit simplement de dîner avec moi ici, my dear… Vous préférez dîner au restaurant ?
— Je pense que vous avez prévu ce dîner… Bien, j'accepte de rester.
Il s'approche d'elle et prend sa main.
— Vous me faites très plaisir.
Elle fait mine de retirer sa main, mais n'en fait rien.
— Oh ! Cher ami… que faites-vous là…
— Ce que je voulais faire depuis longtemps. Trop longtemps.
— Nous ne sommes pas seuls… que vont penser…
Il sourit, et garde sa main dans la sienne.
— Ils penseront… Mais ils feront semblant de ne rien voir, c'est l'essentiel.
Elle baisse pudiquement les yeux, mais ne retire pas sa main.
— Ah ! … vous avez peut-être raison… (soupir)…
Et sourit à son tour.
— Oui, je n'aurais pas dû attendre si longtemps…
Il pense : c'est de la folie. En même temps lui revient à l'esprit la phrase de La Rochefoucauld qu'elle aime citer… « Qui vit sans folie, n'est pas si sage qu'on croit ». Alors il garde sa main dans la sienne, et se remet à espérer. Se sourire en silence, c'est merveilleux. Mais il faut s'occuper du dîner. Si le dîner est raté, elle ne va pas dire « oui ». Je sais, vous allez me dire que… Mais nous sommes jugés sur les petites choses bien plus que sur les grandes… Il s'excuse auprès d'elle :
— Pardonnez my Dear, je vais voir où en on en est en cuisine… Je suis à vous dans l'instant.
Il lui fait un baise-main et s'éloigne. Il revient peu après :
— Nous pouvons passer à table…
Beaucoup plus tard. Le dîner est terminé depuis un certain temps. Tous les invités sont partis, sauf Elle. Ils sont sur la terrasse. Ils regardent la ville.
— Vous… resterez avec moi cette nuit, my dear ?
Elle se tourne vers Lui. Le regarde… Un voisin les aurait vu rentrer dans le salon. Il aurait vu aussi les lumières s'éteindre. Puis, si ce voisin était resté sur sa terrasse deux minutes de plus, il aurait vu la lumière de la chambre s'allumer. Puis s'éteindre, quelques instants plus tard.
Fin