En 1904, le grand mathématicien Ernst Zermelo formula un théorème considéré comme le couronnement des mathématiques modernes et de toute la théorie des ensembles :
"Tout ensemble peut être bien ordonné"
"Ce que Zermelo a démontré c'est que tout ensemble quel qu'il soit possède une relation de choix permettant de bien ordonner la totalité des éléments de l'ensemble. C'est un résultat d'une grande portée, car il s'applique à tous les ensembles…et donc à l'ensemble de tous les possibles, c'est à dire à l'Être aussi bien que l’Univers". (Charon, Les lumières de l'invisible, Édition Albin Michel, Paris, 1985, p.122-123)
Avant le big-bang existe une force d'une puissance colossale, illimitée sans commencement ni fin, d'une perfection inouïe, dont la nature est caractérisée par quelque chose de totalement inexplicable : la symétrie primordiale. De la préhistoire à la science quantique, la notion d'harmonie a toujours été au centre des préoccupations métaphysiques de l'homme. L'unité de l'homme et de la nature telle que perçue intuitivement par les sociétés primitives, de l'homme des cavernes aux Amérindiens d'Amérique en passant par la Chine et l'Inde, fut progressivement corroborée dès les premiers balbutiements de la science primitive ou plutôt de la raison occidentale. Tout commence par l'unité des quatre éléments : l'eau, le feu, la terre, l'air, telle que préconisée par le Grec Empédocle d'Agrigente (490-435 avant J.C.) qui s'inspira probablement d'un précurseur, Héraclite d'Éphèse (550-480 avant J.C.) qui le premier suggéra que la nature parvient à organiser les contraires en harmonie : " les contraires s'accordent et la belle harmonie naît de ce qui diffère ". Héraclite insista donc sur l'origine conflictuelle de toutes choses qui ne sont qu'ajustements, contrastes, équilibres précaires de forces antagonistes qui imposent un changement perpétuel. Cette vision de l'harmonie des contraires trouve également écho dans le Yin Yang chinois et dans la physique moderne par l'asymétrie entre matière et antimatière. Goethe appela la polarité ce conflit perpétuel d’éléments à la fois opposés et unis dans leur interaction. La diversité des êtres vivants (le multiple) est le résultat de la diversification d’une forme unique et originel qui rend compte de la continuité et de la complexité croissante de la matière et de la vie.
Selon Goethe, à nouveau dans La Métamorphose des plantes, «chacune des formes engendrées par la nature est une Gestalt (configuration) qui tout en étant particulière, différenciée de tous les autres, exprime de façon intégrale la totalité dont elle est la manifestation». (cité par France Farago, Nature, Éditions Armand Colin, Paris, 2000, p.116)
En somme, tout l’Univers, tel que nous le connaissons aujourd'hui, des étoiles jusqu'au grain de sable n'est que le miroir cassé de l'Origine dont nous tentons inlassablement de recoller les morceaux. Chaque découverte est une pièce nouvelle qui vient s’imbriquer dans le gigantesque puzzle de l’univers. De découverte en découverte, on s’aperçoit que notre monde est non seulement extraordinaire mais encore plus extraordinaire que nous ne pouvons le supposer.
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