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lubie




Nombre de messages : 1175
Localisation : rhône alpes
Date d'inscription : 29/01/2006

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MessageSujet: Nouvelle   Nouvelle EmptySam 26 Aoû 2006 - 18:35

Amour au douzième sous-sol


« Quel bonheur, pensa-t-elle, de rentrer chez soi ! »
Mais il lui fallait, pour cela, traverser l’artère principale des galeries souterraines : un boyau phosphorescent long de plus de sept kilomètres qui la conduirait au douzième sous-sol. Comme tous les soirs, elle parvint, ainsi que des milliers d’autres, dans le large tuyau lumineux avec la peur au ventre. « Comment être sûre, se demanda-t-elle, qu’il ne se passera rien ? ». Pourtant en entendant dans tous les haut- parleurs les recommandations sécurisantes de la Presciente Autorité, elle se rassura un peu. La voix répétait, inexorablement, sa quotidienne ritournelle :
« Marchez les uns derrière les autres. Laissez entre vous une distance de dix pas et ne vous retournez pas. Adoptez un rythme de marche régulier et évitez de vous toucher. Ne regardez personne dans les yeux afin d’éviter toute colère inutile ou débordement fâcheux. Baissez absolument la tête si vous avez à vous croiser. Tout se passera bien si vous vous conformez aux règles de sécurité.… Marchez les uns derrière les autres. Laissez entre vous une distance de dix pas et ne vous retournez pas……… »
L’année précédente, au même endroit, deux corps étaient malencontreusement entrés en contact et ce fut un formidable carnage, une tuerie inexprimable, une orgie spectaculaire de S.D.G mis en action ! En effet, l’un – terrifié par ce rapprochement physique impromptu – avait sorti son Self Defense Gun, il avait tué l’autre et la foule, effrayée, s’était mise à tirer sur tout ce qui bougeait. Quel gâchis ce jour-là ! Le nombre de morts avait dépassé les trois ou quatre milliers. Depuis, elle ne pouvait traverser la galerie centrale sans une certaine appréhension.
« Comme la voix est douce, constata-t-elle en pénétrant dans sa ligne de marche. Dieu seul sait ce qui se passerait si les haut-parleurs tombaient à nouveau en panne. Mais aujourd’hui encore, tout va bien. » Et elle traversa la galerie souterraine en contrôlant son rythme et sa respiration tandis que la Presciente Autorité la protégeait, comme une mère, des innombrables défaillances du monde.

Au bout de trois heures de marche, elle pénétra, littéralement soulagée, dans la cellule 32645. Enfin elle était chez elle ! Là, l’horreur du dehors ne pourrait plus l’atteindre ni la mettre en danger. L’idée de savourer, avec délice, quatorze heures de répit, d’intimité et d’amour la fit s’exclamer de joie : « Home sweet home ! ». Et elle referma derrière elle la porte blindée de la cellule.
Rentrer chez soi, y retrouver les siens et profiter de leur amour comme d’une source d’abondance n’est-ce pas le meilleur des réconforts, après des heures et des heures de labeur ? Le bonheur, décidément, est une chose simple !

Dans la cellule, l’autre, comme toujours, l’avait patiemment attendue et lui disait maintenant tout ce qu’elle aimait entendre. La voix chaude, masculine, divinement sensuelle la pénétrait tout entière. Les mots, tendrement prononcés, la touchaient en plein cœur et lui rappelaient combien il était doux de se sentir si pleinement aimée. Que le monde semblait bon ! Que la vie, tout à coup, apparaissait facile ! Elle pencha légèrement la tête, se blottit contre lui, et tout inspirée par ce troublant mystère de l’amour, ferma les yeux :
« Tu es si belle, mon ange, que chacune de mes pensées revient inexorablement à toi. Tu habites avec un charme qui m’enivre chacun de mes soupirs et chacun de mes rêves. Que le monde semble morne à la lumière de tes yeux ! Que la vie serait cruelle si tu n’étais pas là ! Vois ma belle, vois autour de nous cette infinie désolation des corps, cette tristesse des regards, cette perfide cruauté du monde. Vois combien les êtres, pétris de peur et de solitude, s’ignorent ou se détestent. Autour de nous, tout n’est qu’indifférence, mépris, haine et malgré cela nous avons réussi, ma chérie, à concevoir l’amour. Oh comme je t’aime, ma ravissante, ma favorite ! Je t’aime comme personne au monde ne saurait t’aimer. Je t’aime car personne au monde n’est plus digne que toi de cet amour. Et toi, Baby, dis-moi, m’aimes-tu ?
- Oh oui je t’aime, murmura Baby, tout à son plaisir d’amour.
- Oui tu m’aimes, je le sais. Il ne pourrait en être autrement. Nous nous aimons, mon ange, et cet amour nous rend si forts que le monde, autour de nous, perd de son importance. Ne sois jamais inquiète, ma belle, quand ce monde te fait mal. Je serai toujours, toujours à tes côtés pour soigner les blessures que les Hommes t’infligent. Ah les Hommes ! Terrible humanité qui défait dans sa folie tout ce que nous refaisons ensemble. Toi et moi, Baby, dans l’amour. Laisse moi encore te dire combien tu es belle, mon aimée, combien j’admire celle que tu es. Laisse-moi aussi me réjouir car tu es à moi, mon amour, et cela est finalement très bon. Ah Baby, ces larmes que tu verses si souvent, cette tristesse que je devine quand tu approches, cette langueur, infinie, qui t’étreint, laisse-moi les supporter avec toi. Laisse-moi te dire encore combien tu…… une erreur est intervenue dans le transfert des données. Veuillez reprogrammer le computer ou contacter notre service après vente. Je répète. Une erreur est intervenue dans le transfert des données. Veuillez reprogrammer le computer ou contacter notre service après vente. Je répète. Une erreur est intervenue………

Furieuse, elle appuya sur le bouton rouge de sa machine ; celui qui devait la mettre instantanément en relation avec la branche commerciale de la Presciente Autorité. Quand elle parvint à établir le contact, elle contint sa colère et expliqua :
- Je suis le matricule 5X1984. J’habite la cellule 32645, au douzième sous sol identifié Outre Ciel. Je vous ai déjà appelé hier pour la même raison. J’ai suivi toutes vos recommandations mais je ne comprends pas ce qui se passe. Mon diffuseur d’émotions est encore tombé en panne !


Lubie
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