DU DÉSESPOIR
Posons l’âne qui poursuit la carotte
Ainsi placée au bout d’un bâton ;
Cette pauvre bête ne désespère pas,
Elle est idem qu’en d’autres situations
Et sous d’autres conditions…
Mais s’il était Homme conscient, cet âne ;
S’il se tenait tordu,
Tel le pèlerin [de] Dante Alighieri,
Tête baissée et visage gris.
S’il toussait lentement sa vie
Et qu’il eut bien voulu la cracher vraiment
Mais ne le point pouvait
On peut douter qu’il fut en sain état,
Cet Homme conscient.
Si, comme un calque qui se pose sur une feuille,
des idées sombres se posaient sur la nouvelle
blanche et saine page de son ouverture au monde,
Il serait manifestement fermé.
Ainsi, finalement et apparemment,
se porterait celui des Hommes
qui n’est plus capable de dire qu’une chose :
« … je désespère »