oral VS écrit

Tout ce qui ne s'écrit pas est éphémère.

Inconsciemment, nous valorisons l'écrit, nous le tenons très facilement pour vrai alors que nous avons tendance à prendre la parole pour du vent.

La parole s'envole, mais l'écrit reste.

D'où vient cette prééminence de l'écrit sur l'oral ? et cette idée de précarité de l'oral vous paraît-elle justifiée ?

cébé a écrit:

Tout ce qui ne s'écrit pas est éphémère.

Inconsciemment, nous valorisons l'écrit, nous le tenons très facilement pour vrai alors que nous avons tendance à prendre la parole pour du vent.

La parole s'envole, mais l'écrit reste.

D'où vient cette prééminence de l'écrit sur l'oral ? et cette idée de précarité de l'oral vous paraît-elle justifiée ?

Le manque de parole, tout simplement.
Et il ne date pas d'hier, ce défaut de l'humanité. La mauvaise foi, le mensonge, le non respect de la parole donnée...

Une promesse n'engage que celui qui la croie, disait celui qui m'a appris que nous ne vivions pas au pays des Bisounours.

Et puis, il y a aussi la mort subite, celle qui fait que la parole donnée ne peut être respectée. Dans ce cas, c'est bien souvent "parole contre parole".

L'écrit tranche. Mais à l' ère du numérique, l'image et le son vont remplacer l'écrit, redonner à la "parole" une place prédominante, comme dans le temps du troc.

J'aime bien le côté convivial de l'oral. On peut lire une histoire et on peut se la faire raconter. Entre les deux je préfère le second choix.

On remarquera que ce qu'on écrit est souvent plus réfléchi que ce que l'on dit (car on écrit plus lentement que l'on parle).

Exception : dans les chats d'Internet, car on y écrit trop vite pour réfléchir.

Autre exception : les forums où il est possible d'éditer.

Atil, tu n'as jamais été déçu d'une lettre (ou mail ) que tu as écrit ... par sa froideur et son manque de spontanéité, par son côté non achevé ? .. alors qu'une discussion face à face aurait pu aboutir là où tu aurais été mieux compris ?

La non possibilité de l'édition dans certains forums me gêne. Dans un premier temps.

Puis me plait bien. Pourquoi? Parce que rien ne vaut la justesse d'une première impression, d'un premier jet.

Si j'ose dire.

Je suis pas convaincu de l'intérêt d'opposer écrit et oral. Après tout, il s'agit toujours de mots, qu'on parle ou qu'on écrive. On ressent la même chose avant de parler et avant d'écrire.
Donc c'est juste une affaire de support. Et le support importe peu.

Et la plus grande "durabilité" de l'écrit face à l'oral n'est pas si évidente que ça: les écrits restent sur du papier, mais ils ne restent pas plus dans les mémoires que des paroles...alors que justement c'est l'utilisation par les hommes, à travers leur pensée, qui importe, et non la possibilité d'inscrire des mots dans la réalité, de manière tangible.
Donc les paroles "restent" autant que les écrits.

Toutefois, ce qui est écrit décuple les possibilités de transmission et de partage, d'où le succès de l'écrit.
Mais surtout, je pense que l'écrit fixe, immobilise, cerne et délimite.
La parole ne permet pas cet approfondissement, à moins que l'oral ne soit pas sous forme dialoguée, mais alors on passe dans l'écrit oralisé (conférence, discours, monologue...).

Si j'ose rire ?

Juste pour dire ... c'est "si j'ose dire." .

halalalalala .. quand on lit, il arrive qu'on lise mal, justement.

Je me souviens d'un livre de mon enfance. Je l'adorais tellement que je l'avais caché pour le relire et le relire Il exerçait un tel pouvoir sur moi. Vers 10 ans, je me suis aperçue que c'était parce qu'il racontait une histoire toute simple, mais avec une petite absurdité ou une combine géniale pour voyager : Mr le Hibou qui devait déménager avala sa valise et s'envola.
Je ne relisais plus vraiment, je me le racontais. Jusqu'au jour où vers ces 10 ans, une dernière lecture m'ota les oeillères.: Mr Hibou avalait sa salive! ... et le conte perdit de son attrait .....

Il arrive un phénomène un peu semblable quand on veut écrire : on choisit des mots qui ne sont jamais assez précis pour exprimer des pensées qui volent plus vite que la main . On les couche sur un papier et les relisant, ils expriment autre chose.
Pire, le lecteur qui ne fera que lire, butine, pille et transforme le texte écrit .... par rébellion peut-être ... ou par révolte devant le verbe imposé puisque fixé sur papier ...
....

J'avais bien lu. C'était une contrepèterie de ma part.

CONTREPÈTERIE, subst. fém.
Permutation de sons, lettres ou syllabes dans un énoncé de manière à obtenir un autre énoncé de sens cocasse et souvent obscène.

Cocasse, en effet.


Je précise le sens du mot, car nous sommes dans un sujet de discussion sur l'écrit.
Je pense que le handicap de l'écrit est l'analphabétisation, le manque de vocabulaire.

cébé a écrit:

Autre exception : les forums où il est possible d'éditer.

Atil, tu n'as jamais été déçu d'une lettre (ou mail ) que tu as écrit ... par sa froideur et son manque de spontanéité, par son côté non achevé ? .. alors qu'une discussion face à face aurait pu aboutir là où tu aurais été mieux compris ?

Je trouve au contraire que les textes dans les forums sont plus achevés quand on peut les éditer, car on peut corriger toutes les bétises qu'on a écrites.
Par contre, quand on parle, on ne peut pas effacer ce qu'on a dit. Si on a dit une bétise, il est trop tard.

Alors pour moi, Atil, les forums les plus achevés sont ceux où les intervenants sont assez respectueux d'eux-mêmes et des autres pour écrire soigneusement et avec toute l'attention devant être portée aux lecteurs. C'est aussi une discipline.

Prenons l'exemple de la contrepèterie de Pizza Man. Elle m'est apparue comme plaisanterie probable, mais je ne pouvais pas en être sûre. Si elle avait été prononcée, les mimiques qui accompagnent un bon mot m'en aurait donné la clé sans ambiguïté.

L'écrit est figé. La parole se teinte de toute la communication gestuelle et audible possible.
Ta plaisanterie, Pizza Man, est arrivée au bon moment pour illustrer cela

C'est Tao qu'il faut remercier. Il est spécialiste en la matière, pour ce qui est de m'inspirer les plaisanteries !

Il faut surtout me remercier d'avoir souligné qu'il s'agissait d'une plaisanterie, car cébé, comme elle l'avoue d'ailleurs, n'était pas sure de l'interprétation.
Ta subtilité est légendaire, pizza man, et il faut toute la finesse d'un esprit rôdé pour percevoir et extraire le merveilleux nectar de tes propos écrits.

Désormais les mimiques existent aussi dans l'écriture :
Grace aux smileys.
Ou daux smilies quand on parle francais

Et grâce aux smileys, des milliers d'internautes attrapent soudainement les mêmes mimiques. La richesse de la communication, il n'y a que ça de vrai (Je vous défie de correspondre à ce smiley mieux que moi, en effet il est jaune !)

Quand on parle, on use de combien de mimiques ?

En effet. Nous voyons comment des gens travaillant ensembles finissent, assez rapidement, par prendre des attitudes communes.
Les smiles sont finalement plus nuancés que les expressions de personnes proches.

houla Tao! ... si après 30 ans de mariage je ne sais pas interpréter les mimiques de mon mari, je suis mal barrée ( et vice-versa bien entendu) mais s'il lui prend la fantaisie de parler et d'agiter des smilley en portant un masque, je suis cuite! ... je ne le comprendrais plus aussi bien .


<-- celui-là pour moi a un petit air gêné, mais pour toi, si je te l'adresse, tu pourras très bien le prendre pour un air moqueur.
Sur msn il y en a un qui a l'étiquette "sarcastique" et moi je lui vois un air interrogateur ...
... mince alors, si mes interlocuteurs pensent que je me moque d'eux, ça craint!
Et puis quelle nuance à donner à ces deux-là ?


Atil, on use de toutes les mimiques possibles et imaginables, selon le discours ..... Il n'y avait que Charles Bronson pour avoir deux et seulement deux expressions : avec chapeau ou sans chapeau

On voit la paille dans l'oeil du voisin...

Si j'ose dire.