Notre culture nous perdra.

Je vais faire ce sujet sous la forme d'une petite histoire pour mieux exposer mes arguments.

Juillet 2356.
Il s'ennuyait.
Il jeta son regard sur l'assemblée et vit qu'elle était lasse, elle aussi.
Ses yeux revinrent sur la pièce de théâtre qui se déroulait devant ses yeux. Certes, l'auteur de la pièce était un génie mais bon ...
C'était au moins la cinquantième pièce qui parlait de la même chose.
Une pensée le frappa. Quand un auteur expose une pièce complètement hors du commun, d'un style complètement nouveau, alors cette pièce provoquait scandales, et discussions en tout genre. Même si cet auteur était mauvais. Les commentaires n'étaient pas forcément positifs, loin de là : mais la pièce avait le mérite de provoquer un intérêt de la part de beaucoup de monde.
Si des personnes trouvent que la pièce est mauvaise parce qu'elles sont trop habituées à d'autres genres, alors et malgré ce qu'elles en disent, elles sont bel et bien intéressées par la pièce (mais pas forcément de façon positive bien sûr) vu toutes les paroles et réactions engendrées et par tous ces remous, le nom de l'auteur restera dans l'histoire.
Alors qu'un auteur qui tente quelque chose de classique, bien qu'il fasse quelque chose de grandiose, il n'aura droit qu'à quelques applaudissements.

L'art est snob.
Innover, c'est réussir.

Mais maintenant tout a été passé en revue. Tout le monde a beau cherché, mais rien de nouveau.
On a bien tenté de reprendre quelques vieux genres du passé mais sans grand succès.

Une idée folle lui vint à l'esprit :
Et si on détruisait notre connaissance de l'art ?
On lui avait souvent répété étant petit que brûler des livres est un acte barbare. Les templiers brûlant la culture arabe étaient pires que des sauvages.

Mais est-ce le seul moyen de sauver une culture qui est fondée sur le renouveau ? Y aura-t-il des redécouvertes miraculeuses ? Si on oubliait cette manie de tout garder, de tout conserver, alors peut-être pourrons nous apprécier.

Blasé ?

Non pas encore.

Mais on le sera peut-être.

Ça fait déjà un bon moment qu'on dit qu'on a tout vu, mais il continue à y avoir de la nouveauté. Il y a des périodes productives, d'autres moins, mais je ne sais pas s'il y a une limite.
Je pense que l'idée que l'art stagne est une illusion, due au fait que beaucoup de choses ont été inventées au cours de l'histoire, et qu'aujourd'hui on invente presque rien par rapport à tout ce qui a été fait.
Mais je pense qu'au contraire, nous sommes dans une période productive. Toutes ces innovations passées sont à replacer dans les millénaires et les millénaires d'Histoire, et le "peu" qu'on invente aujourd'hui est à replacer dans la courte durée de "maintenant".

Et puis quoi bon détruire le passé ? C'est sur sa base que nous créons de la nouveauté.
Si on a tout fait, c'est qu'on n'a plus besoin de nouveau.

J'ai pensé à ça aussi, qu'il y a encore des milliers de domaines non explorés et qu'on est pas près de les connaître tous.
Mais quand on les connaîtra tous ? Je n'aurais pas dû mettre 2356 mais plus.

Pas sûr qu'on puisse les connaître tous un jour. C'est combien l'espérance de vie d'une civilisation ? Quand la nôtre va-t-elle s'effondrer, et l'humanité oublier une grande partie de ses connaissances et sa culture ?
La durée de mémoire moyenne ne doit pas être si élevée que ça. Sinon on n'aurait pas besoin de faire de l'archéologie...

Et si notre civilisation ne s'arrêterai jamais à cause de la mondialisation ?
S'il se passe quelque chose sur un coin de la planète, tout sera stocké autre part.

Et si c'est la Terre entière qui est touchée, il y a toujours des projets fous comme des bases de données sur la Lune ou (j'ai oublié le nom) le satellite qui a été lancé dans l'espace pour retomber sur Terre plus tard.

La mondialisation a tout autant de chances d'être un facteur destructeur que protecteur...
De toute façon, notre civilisation aura une fin, la seule question est quand. Avant ou après avoir atteint le seuil de connaissance (à supposer qu'il existe) ?
Et on ne saura jamais si on est au bout. Dans ce cas pourquoi prendre le risque de faire reset, alors qu'on est peut être au bord d'une nouvelle révolution culturelle/scientifique/artistique/etc ?

Avant on pouvait rabacher un style artistique pendant plus d'un siècle avant que les gens s'en lassent.
Maintenant tout devient ringard au bout de quelques années à peine.
Le problème n'est pas dans l'art lui-même mais dans notre esprit instable qui est est atteint d'une boulimie maladive pour le changement.
On sait à quoi c'est du : Pour subsister, notre économie nécessite que nous ayons sans cesse envie de consommer plus. Et pour consommer plus, il faut se lasser plus vite de ce qu'on a déja.

Et puis déja qui peut prétendre avoir fait le tour de tous les arts existants à travers les differentes cultures et civilisations actuelles (et passées) ?

Ce qui d'ailleurs n'empêche pas les auteurs de se faire critiquer pour manque d'inspiration quand ils donnent dans un genre déjà existant et archi visité.

Ca s'appelle alors un essai dans le "re-nouveau", ce n'est pas tant de leur faute non plus si il y a des blasés en la matière.

Notre gout pour le renouveau, le revival et le retro peut être du à la nostalgie ... mais aussi au fait qu'on a l'impression d'avoir quitté un style artistique avant d'en avoir fait vraiment le tour. On a donc envie d'y retourner pour l'approfondir.