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 Les Francs Maçons

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Atil
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Ambra
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Ambra

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MessageSujet: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 6 Jan 2005 - 16:09

On en sait souvent peu de choses, mais quelle approche en avez-vous?
Qu'en sait-on depuis l'extérieur?
Une ribambelle d'idées fausses circule à leur sujet, sans doute à cause du mystère dont ils s'entourent.
Mais ne dit-on pas que l'art véritable n'a que faire de proclamations et s'accomplit dans le silence? silent
Les rapports entre l'Eglise et la Franc-Maçonnerie vous influencent-ils?
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cébé

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 6 Jan 2005 - 19:06

Quand tu parles d'Eglise, tu penses à l'Eglise catholique ou aux Eglises en général ?

Personnellement, je n'en sais quasi rien, sauf à penser qu'il s'agit d'une sorte de club d'entraide pour commencer, entre personne ayant une philosophie commune, des buts généraux et des moyens communs.
J'en imagine les bienfaits et les dangers, comme pour toute association d'ailleurs.
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l-@nge

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 7 Jan 2005 - 3:59

Histoire de mieux comprendre cette société je vous donne un lien: Bonne lecture.
http://www.4p8.com/eric.brasseur/frmac.html
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Ambra

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptySam 8 Jan 2005 - 19:28

l-@nge a écrit:
Histoire de mieux comprendre cette société je vous donne un lien: Bonne lecture.
http://www.4p8.com/eric.brasseur/frmac.html
Merci, L'@nge, très intéressant.
Tu as un avis personnel sur la question? ( pour autant que tu aies envie de te prononcer Embarassed )
J'ai un intérêt marqué pour le sujet...
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l-@nge

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptySam 8 Jan 2005 - 20:39

Je dois t’avouer que j’ai toujours été intrigué par cette association mais, manque de temps ou d’énergie, je ne me suis pas fait une opinion sur la valeur de ce groupe.
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Doumik

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyMar 18 Jan 2005 - 18:51

J'ai trouvé ce site mais n'ai pas eu le temps de m'y attarder:
http://www.godf.org/
Grand Orient de France
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Atil

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 11 Fév 2005 - 12:08

Il me semble qu'il n'y a pas UNE franc-maconnerie mais DES franc-maconneries.

Et les origines de ce mouvement ne sont pas trés claires.
Il faudra que je recherche le texte que j'avais fait la-dessus....
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Doumik

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 11 Fév 2005 - 12:11

Il me semble que ça remonte au Temple de Salomon, mais je ne sais pas si c'est une légende, puis les constructeurs de cathédrales. J'attends les précisions d'Atil.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 11 Fév 2005 - 12:25

A propose de la Franc-Maçonnerie actuelle :
A l'heure actuelle, une personne ne peut entrer dans la Franc Maçonnerie que si elle y a été conviée par un initié.
En règle générale, celui a qui l'on propose de devenir franc maçon soit :
- a un/des francs maçons dans sa famille (même sans le savoir)
- est influent et/ou possède des information pouvant lui en conférer.

De nos jours, beaucoup entrent dans la Franc-maçonnerie pour se constituer un réseau d'influence ou bien pour arriver dans un milieu social.
Les franc-maçons se rendent des services et de communiquent des informations auxquelles le grand public n'a pas accès. Là je ne parle par de religion mais bien d'informations politiques et économiques.

A ma connaissance, il existe au moins deux obédiances, le petit et le grand Orient.

A mons avis : aujourd'hui, la franc-maçonnerie n'a peut - être plus rien à voir avec sa mission de départ.

Diane
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cébé

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 11 Fév 2005 - 12:42

Mais il est vrai aussi qu'à lâge de la communication, il y a peu de chose qui puisse échapper au grand public, en matière de politique et d'économie. Pour autant que ce grand public s'y intéresse, bien sûr.
Ceci explique peut-être le changement de "mission" de la Franc-Maçonnerie.

De part le nom, il est possible que cela remonte au temps des cathédrales. Peut-être plus loin jusqu'au temple de Salomon ?? ... wouhahouuu ... c'est vieux tout ça.
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Atil

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyVen 11 Fév 2005 - 17:06

La franc maçonnerie, dite spéculative, d'essence philosophique, prendra forme officielle en 1717 avec la formation de la premiére loge (La grande loge de Londres) dans un "terreau" préparé par le Rosicrucianisme.
Il semble bien que cette Franc maçonnerie spéculative dérive de la Franc-maçonnerie opérative sous l'influence de l'idéal Rose-Croix. La notifications de statut dés 1390 atteste de l'existence en Ecosse de sociétés de batisseurs et de tailleurs de pierres organisés autour de code de valeurs.Ces batisseurs, se transmettant cet art, étaient exonérés de toutes charges, d'où le terme Free Mason (littéralement franc-maçon, franc signifiant libre en vieux français). Ils constituaient ainsi des sociétés de travailleurs totalement indépendantes : c'était la Franc-maçonnerie opérative.
Dès 1638, les relations entre francs-maçons et Rosicruciens étaient évoquées dans The Muses, un poème d'Adamson. En 1676, le Poor Robin's Intelligence publia une notice indiquant que "l'Ancienne Fraternité de la Rose-Croix, les Adeptes de l'Hermétisme et de la Compagnie des Maçons Acceptés, ont décidé de dîner ensemble". Ce lien sera encore souligné dans un article du Daily Journal de1730 qui indique : " Il existe une Société à l'étranger, de laquelle les Francs-Maçons anglais […] ont copié quelques cérémonies, et s'efforcent de persuader le monde qu'ils en sont issus et lui sont identiques. On les appelle Rosicruciens."

Vers 1757, Hermann Fictuld crée un rite maçonnique à tendance alchimique, composé d'un ensemble de grades rosicruciens : la Fraternité des Rose-Croix d'Or.(c'est la même année qu'apparait le grade de "Chevalier Rose-Croix" chez les Francs-maçons). De celle-ci sortira la loge des Trois Épées, puis, en 1776, l'Ordre de la Rose-Croix d'Or d'Ancien Système.

-En 1767, Martinés de Pasqually (1727-1774) fonda l’ordre des chevaliers maçons Elus-Cohen de l’Univers. Louis Claude de Saint-Martin (1743 -1803), son secrétaire et disciple, participa à l’organisation de cet ordre qui influença l’ordre écossais rectifié.
Disparu en 1780, l’ordre fut reconstitué en 1942 par des initiés maçons sous l’appellation d’ordre Martiniste des Elus-Cohen.

En 1778, Alexandre Cagliostro fonde en Hollande une loge d'un genre nouveau : un rite égyptien. Selon lui en effet les origines des Rose-Croix remonteraient à l’époque de l’ancienne Égypte ... pourtant les plus grands égyptologues n’y ont jusqu’à ce jour trouvé aucune trace du symbole de la rose-croix, pour la bonne et simple raison qu’en ce temps là, la rose n’existait pas. Il s’agit d’une fleur hybride, venue de Chine en Europe vers les premiers siècles de l’ère chrétienne.

Ensuite, à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle vont se créer à nouveau plusieurs sociétés rosicruciennes sans aucun rapport aucun avec celles du 18 ème siècle.
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Virgile




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MessageSujet: le continent de MÜ ou atlandide ?   Les Francs Maçons EmptyMer 4 Jan 2006 - 15:07

il semble que des connaissances ont été données a l'humanité dans un loingtain passé
par des entités dites angéliques mais plutôt déchues (démons)voir la bible a la génèse et "les anges du ciel virent que les femmes des hommes étaient belles et les prirent pour femmes et leur donnèrent des enfants , les héros mythiques de l'antiquité"!
ces connaissances pour des barbares a cette époque ou la cosmologie,les mathématiques, la chimie et l'architecture passaient pour de la magie pure et simple comme si un homme de cro-magnon verrait une télé pour la première fois!
donc ces connaissances ont été données et redécouvertes par neuf chevaliers premiers croisés "NOBLES BIEN SÛR" ( pas de gueux donc pas du peuple comprenennez vous)?dans le temple de salomon lui même gravés sur des tables en pierre!
ensuite survint l'ordre du temple ,qui devint trés embarrassant pour l'église catholique , car le roi lui même lui était redevable puisque c'est les templiers eux même qui avaient inventé le crédit banquaire et aussi les chèques encaissables dans toute la france puisqu'ils étaient devenus "la plus grande richesse" de France UNE BANQUE !
le rithe franc-maçon fait appel a des forces dites "telluriques et occultes "!
il y a la façade" Propre "dite de partage fraternel ET les cérémonies pour des initiés ou l'on n'hésite pas a faire des incantations (culte d'isis et de baal!)
a mon avis il y a le sommet composé de personnes occultes et la base qui fait sa force mais qui reste ignorante et qui malheureusement se fait utiliser en croyant faire preuve d'humanisme(foutaise!!!) ce qui est loin d'être le cas croyez moi!
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cébé

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MessageSujet: Re: le continent de MÜ ou atlandide ?   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 9:27

Virgile a écrit:
il semble que des connaissances ont été données a l'humanité dans un loingtain passé
par des entités dites angéliques mais plutôt déchues (démons)voir la bible a la génèse et "les anges du ciel virent que les femmes des hommes étaient belles et les prirent pour femmes et leur donnèrent des enfants , les héros mythiques de l'antiquité"!ces connaissances pour des barbares a cette époque ou la cosmologie,les mathématiques, la chimie et l'architecture passaient pour de la magie pure et simple comme si un homme de cro-magnon verrait une télé pour la première fois!
donc ces connaissances ont été données et redécouvertes par neuf chevaliers premiers croisés "NOBLES BIEN SÛR" ( pas de gueux donc pas du peuple comprenennez vous)?dans le temple de salomon lui même gravés sur des tables en pierre!

houlala .. attention à ne pas confondre les contes et les légendes, les interprétations et autres artifices des anciens avec la réalité tangible de ce qui s'est passé.




Virgile a écrit:
ensuite survint l'ordre du temple ,qui devint trés embarrassant pour l'église catholique , car le roi lui même lui était redevable puisque c'est les templiers eux même qui avaient inventé le crédit banquaire et aussi les chèques encaissables dans toute la france puisqu'ils étaient devenus "la plus grande richesse" de France UNE BANQUE !
Il serait intéressant d'ouvrir un fil sur l'ordre des Templiers afin de ne pas faire d'amalgame avec tout et n'importe quoi. L'histoire nous a laissé des traces bien nettes de cet ordre, autant faire appel à elle pour en savoir plus et ne pas se contenter de "on dit".
Tu l'ouvres ?



Virgile a écrit:
le rithe franc-maçon fait appel a des forces dites "telluriques et occultes "!
il y a la façade" Propre "dite de partage fraternel ET les cérémonies pour des initiés ou l'on n'hésite pas a faire des incantations (culte d'isis et de baal!)
a mon avis il y a le sommet composé de personnes occultes et la base qui fait sa force mais qui reste ignorante et qui malheureusement se fait utiliser en croyant faire preuve d'humanisme(foutaise!!!) ce qui est loin d'être le cas croyez moi!

L'esprit humain ne peut jamais se contenter de la vérité si celle-ci est trop simple. Cela me fait toujours penser au roman d'Umberto Eco, Le Pendule de Foucault, quand un groupe de jeunes facétieux invente avoir découvert un secret si fabuleux qu'il pourrait bouleverser le sens du monde. Pour leur arracher ce secret, des sociétés occultes se mettent à leur poursuite, les terrorisant et allant jusqu'à les éliminer. Les "inventeurs" du secret se démènent pour démentir, pour dire la vérité sur leur prétendue découverte, c'est peine perdue! ... c'est si alléchant, un secret!
Les Francs-Maçons sont devenus les responsables et boucs émissaires de toutes les souffrances de l'homme ... c'est un peu gros, non ?
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Virgile




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MessageSujet: pas de boucs emmissaires mais des manipulateurs!   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 9:59

ne pas confondre le sens des paroles peut-être interprété de différentes manières par qui les reçoit donc ne pas dire ce que l'autre n'écrit pas en prennant une bride par ci par là et ensuite faire sa politique!
laes contes et légendes sont internationales c'est à dire que par exemple dans tout le monde on parle d'une légende d'un déluge !
D'une civilisation trés avancée ayant reçue des visiteurs célestes
faites vos recherches et ensuite revenez en parler...
la franc maçonnerie est directement liée a la base avec ce que l'on peut appellé la confrérie du serpent ou les illuminatis faites vos recherches et venez en reparler...
la franc maçonnerie veut et fait tout pour une Synarchie faites vos recherches et revenez en parler...
le nouvel ordre mondial et mondialisation quelle différence?
la haute magie est pratiquée par les dirigeants de la dite franc maçonnerie par des incantations , manipulations mentales ,et sociales.
alors que des chefs d'entreprises , des juges , des policiers, et des maires en font tranquilement parti par une position humaniste alors qu'ils sont des pantins pour une hierarchie suppérieure plutôt démoniaque qu'angélique!
pourquoi se cacher si l'on n'est pas obscurs n'est ce pas ?
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disciple

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:36

Il y des poissons d'or qui pondent des oeufs en diamant dans le sud est de la rivière du mékong en Thailande entre 3h et 4h du matin.Allez faire vos recherches et venez en m'en parler.

En Groenland, des extra-terrestres ont trouvé refuge dans une base militaire top secrete américaine gardé par des francs maçons danois.Allez faire vos recherches et venez en m'en parler.

Allez une autre pour la route...les mayas se sont exportés en fait dans le triangle des bermudes sur une base volante anti-gravité.Et tous les grands chef d'états s'y retrouvent 2 fois par an la bas dans le but de nous assouvir.Allez faire vos recherches...
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Digoyo

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:48

Bonjour,

A l'heure actuelle, une personne ne peut entrer dans la Franc Maçonnerie que si elle y a été conviée par un initié.
En règle générale, celui a qui l'on propose de devenir franc maçon soit :
- a un/des francs maçons dans sa famille (même sans le savoir)
- est influent et/ou possède des information pouvant lui en conférer.

Information erronée. Il suffit de faire une lettre de motivation a l' Obédience choisie :

-Le Grand Orient de France ( il n'esixte pas "de petit orient"), accepte toutes les appartenances religieuses mais n'initie pas lers femmes
-La Grande loge de France de tendance chrétienne, n'initie pas les femmes
- La Grande Loge Feminine, toutes tendance religieuses
- Le Droit Humain, mixte et de toutes tendances
- La Grande Loge Mixte de tendance chrétienne

Prétendre que les Hauts Grades se livrent à des rites ou des incantations flirtant avec une certaine "sorcellerie" est de la même veine sotte et imbécile que celle qui fut utiliser sous Philippe VI contre les Templiers qui furent dits sodomites et adorateurs de baphomet. Ce roi le fit pour récuprer les bien du Temple. Que vous rapporte à vous de répendre cette idiotie ?

Maintenant, vous avez exprimé le désir d’avoir quelques bribes d’informations sur la Franc – Maçonnerie. Je tente ci-après, modestement et je l’espère sans affectivité et parti pris, de vous en faire un petit historique. J’ai donc effacé de mon esprit, du moins je le suppose, toute affectivité basique que d’aucuns traiteraient, de Foi, en matière de religion. Il s’agit, de ma part, d’une simple compilation de différentes sources saines et historiquement sûres, en aucun cas « d’un travail d’historien ».

Je reste si vous le désirez, pour peut – être des informations complémentaires à votre entière disposition.



Petit Morceau d’ histoire sur la Franc – Maçonnerie

En 1717, les quatre loges londoniennes établies, selon elles, de « temps immémorial » s'associent pour créer la première Grande Loge de Londres et jeter ainsi les bases d'une organisation qui aboutira après plusieurs décennies et bien des péripéties à la franc-maçonnerie moderne. Que ce soit par filiations régulières ou par d'autres chemins, toutes les obédiences et loges maçonniques contemporaines, dans le monde entier, procèdent de cet événement fondateur.

Mais s'agit-il là de la véritable naissance de la franc-maçonnerie « spéculative », qui reprend les symboles du métier de maçon en les mettant au service de la réflexion intellectuelle ? Il est évident que non : l'initiative de ces loges, préexistantes si ce n'est réellement anciennes, vient sanctionner un état de fait et non le créer. Car le phénomène spéculatif n'est pas totalement nouveau : quelques « acceptations » dans des loges de personnages a priori étrangers au métier de maçon sont en effet attestées tout au long du XVIIe siècle en Angleterre et en Ecosse. Mais d'où venaient ces loges plus anciennes ? Peut-on les considérer comme étant encore « opératives » - terme consacré pour désigner ce qui est relatif à la pratique réelle du métier, en l'occurrence celui de tailleur de pierre (sens primitif de « maçon ») - ou bien comme étant déjà spéculatives - c'est-à-dire se servant du métier comme d'un support allégorique sans le pratiquer ? Cette distinction radicale entre opératif et spéculatif, commode pour l'analyse et aujourd'hui ancrée dans les schémas fondamentaux de l'histoire maçonnique, possède-t-elle vraiment un sens à cette époque ? Comment et pourquoi les loges opératives seraient-elles devenues spéculatives ?

Pour la majorité des francs-maçons, ces questions ne se posent pas ou, plus exactement, elles ne se posent plus car elles possèdent des réponses depuis longtemps. C'est en effet un lieu commun de presque tous les ouvrages consacrés à la franc-maçonnerie que d'affirmer que celle-ci provient directement, des loges des « bâtisseurs de cathédrales ». Les légendes, quant à elles, renvoient jusqu'à la construction du Temple de Jérusalem sous Salomon par son architecte, Hiram, et remonte même à l'époque antédiluvienne.

Instrumentalisée au profit de la nouvelle Grande Loge (dès la seconde édition, en 1738, des Constitutions d'Anderson), cette hypothèse traditionnelle d'une filiation directe, et qui serait en même temps légitime, avec les loges médiévales flatte le sentiment d'enracinement des francs-maçons dans l'Histoire. Mais elle est aujourd'hui sérieusement remise en cause par les historiens. D'autres hypothèses, qui s'efforcent de mieux tenir compte des sources documentaires, traversent périodiquement le ciel, autrefois serein, de l'histoire officielle de la franc-maçonnerie.

Pour certains, la raison de la naissance des loges spéculatives serait politique. Sous Cromwell, les royalistes et les républicains modérés y auraient trouvé un refuge et un lieu propice à la restauration de la paix civile par leur vocation de réflexion philosophique. Pour d'autres, les loges auraient constitué un abri face aux persécutions religieuses au XVIe siècle ; pour d'autres encore, les loges pré-spéculatives du XVIIe siècle, encore majoritairement composées d'artisans et de petits commerçants, auraient été une forme de « Friendly Society », c'est-à-dire une association d'entraide mutuelle. . . etc.

La dernière hypothèse d'importance est celle proposée par l'historien écossais David Stevenson qui situe l'origine du mouvement spéculatif dans les loges écossaises de l'extrême fin du XVIe siècle. « Very shocking » pour les historiens de la franc-maçonnerie anglaise !

Il est en fait assez probable que presque toutes ces hypothèses possèdent une part de vérité. Ce n'est pas là vouloir faire de l'histoire consensuelle. C'est simplement remettre au centre du débat un aspect fonctionnel essentiel : quelles que soient les motivations rationnelles animant ses éléments les plus dynamiques et provoquant sa constitution, tout groupe social se développe aussi dans d'autres dimensions qui s'avèrent difficiles à inscrire dans un schéma de lecture réducteur.

Pour prendre un exemple actuel et simple à saisir, une association proposant des cours de gymnastique à des personnes âgées aura aussi, en fonction de la personnalité et de la disponibilité de ses bénévoles, des fonctions sociales plus ou moins étendues : prévention médicale, réseau d'amitié et de solidarité, organisation de thés dansants, d'excursions, etc. - et il peut arriver que, vue de l'extérieur, l'une de ces fonctions annexes occupe une telle place qu'elle masque l'objet initial.

Cette dimension « chaotique » (simplement humaine en fait) est d'autant plus importante à souligner que c'est précisément, dans le cas qui nous occupe ici, ce qui en 1717 va créer la rupture. La nouveauté, d'ailleurs vivement contestée par d'autres loges, est l'instauration au travers d'une Grande Loge d'une unité dominante qui entend résorber la pluralité, entendons la diversité de vocations, et la liberté que cultivaient jusqu'alors les différentes loges maçonniques.

Mais si l'on a émis autant d'hypothèses en ce qui concerne le passage de l'opératif au spéculatif, c'est aussi que, tout en l'avouant très rarement, on pensait le milieu professionnel incapable de générer par lui-même, sans intervention extérieure, semblable floraison intellectuelle et spirituelle. Or c'est certainement là une grave erreur. Quelle était au juste la culture de ces « simples ouvriers » ? Le plus ancien témoignage concernant l'organisation du métier de maçon en Angleterre remonte à 1356, à Londres. Un conflit opposait les « maçons de taille » (tailleurs de pierre) aux « maçons de pose ». Les autorités municipales édictent alors un règlement. Une nouvelle version est promulguée en 1481 : la Compagnie des maçons exerce le contrôle du métier à Londres. Elle enregistre les apprentis, lesquels, au terme de leur formation, comparaissent devant une commission de la Compagnie et, après avoir prêté serment de fidélité et de loyauté envers le métier, la ville et la couronne, deviennent « hommes libres du métier » : ce sont donc au sens propre des « free masons » . Cependant, le cas de Londres reste unique. On ne trouve dans le royaume aucune autre organisation exerçant une autorité équivalente sur le métier. Par ailleurs, on ne mentionne pas à son propos l'existence de « secrets » ou de grades, pas plus que le mot « loge » n'est employé pour nommer l'organisation elle-même.

Pourtant, ce mot caractéristique apparaît à partir du XIIIe siècle pour désigner la bâtisse édifiée sur le chantier où les ouvriers rangent leurs outils, travaillent, prennent leurs repas et se reposent.

Au début du XVe siècle, il désigne aussi l'ensemble des maçons d'un chantier, mais sans qu'il soit fait mention d'une autorité exercée par cette communauté. C'est seulement au XVIe siècle, en Ecosse, que le mot est enfin attesté comme désignant une juridiction permanente réglant l'organisation du métier. En 1598 et 1599, William Shaw, maître des ouvrages du roi d'Ecosse et surveillant général de l'Incorporation des maçons d'Edimbourg, publie les nouveaux Statuts qui traduisent une évolution sensible : désormais c'est une « loge » qui contrôle l'entrée des apprentis et leur accès au rang de compagnon, règle les différends et punit les manquements au règlement. Mais la différence la plus révélatrice, c'est que les maçons écossais d'alors partagent des « secrets » qui leur sont communiqués au cours d'une cérémonie après qu'ils ont prêté serment de discrétion. Voilà bien tous les ingrédients de base d'une loge maçonnique, la pratique réelle du métier en plus.
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Digoyo

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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:49

Parmi les autres témoignages permettant d'étudier le substrat légendaire et historique de la maçonnerie, les Old Charges occupent une place importante. Environ cent vingt exemples de ces Anciens Devoirs sont recensés. S'échelonnant de la fin du XIVe siècle au premier tiers du XVIIIe, ces textes sont tous d'origine anglaise. Les plus anciens sont les manuscrits Regius (vers 1390) et Cooke (vers 1410-1420). Ils sont structurés en deux parties : d'une part, une histoire légendaire du métier, le Récit d'Euclide ; d'autre part, un code réglementant la conduite des maçons et leurs relations avec les apprentis et les maîtres - ce terme désignant alors les clients et employeurs. Ces règlements anglais diffèrent sensiblement des statuts écossais : en particulier, ils ne prévoient pas de dispositions laissant présager d'une coexistence avec un autre système réglementant le métier (cas de la loge vis-à-vis de l'Incorporation) et ils donnent une large part à des prescriptions à caractère moral et religieux, n'ayant aucun rapport direct avec le métier. Ils n'évoquent pas non plus de secrets rattachés au grade de compagnon. Il est également important de souligner que la majorité de ces manuscrits datent du XVIIe siècle et qu'ils sont manifestement des copies réalisées par des loges déjà plus ou moins spéculatives.

Selon David Stevenson, la première phase du mouvement spéculatif remonterait aux Statuts promulgués par William Shaw en 1598 et 1599. Ce que décrivent ceux-ci, c'est en effet un système nouveau qui ne résulte pas d'une simple transformation des anciennes institutions du métier. Ces loges sont orientées vers une organisation globale de celui-ci, mais elles possèdent également des fondements spirituels et religieux.

Cet aspect caractéristique s'expliquerait par le contexte intellectuel de la Renaissance : les spéculations liées à l'architecture y occupent une place prépondérante. Celle-ci n'étant pas simplement une technique répondant aux nécessités matérielles mais, au travers de la géométrie et les techniques quasi « magiques » de l'Art de la mémoire (une discipline intellectuelle fondée sur l'analogie), une pratique susceptible de donner à l'homme une explication du monde et, par là même, de Dieu.

Cet intérêt pour l'architecture, et corrélativement pour l'Antiquité, trouve son symbole dans la redécouverte, en 1486, du De Architectura , le traité de Vitruve, architecte romain du Ier siècle avant J.-C. Très rapidement, de nombreuses traductions voient le jour dans toute l'Europe. Le portrait de l'architecte idéal selon Vitruve est celui d'un homme universel, connaissant non seulement la géométrie, les mathématiques et le bon usage des matériaux, mais possédant également une connaissance aussi vaste que possible de la météorologie, de l'astronomie, de la musique, de la médecine, de l'optique, de la philosophie, de l'histoire, de la jurisprudence. . . etc. Nous avons là un programme d'études qui est dans son principe comparable à celui que doit, symboliquement, parcourir l'apprenti franc-maçon lors de son passage au grade de compagnon. C'est en fait la base même du caractère spéculatif de la franc-maçonnerie : en effet, ce n'est pas tant l'absence de pratique du métier qui rend la franc-maçonnerie moderne « spéculative » que son symbolisme « opératif » qui, notamment au travers la géométrie et l'astronomie, renvoie à l'architecture en tant qu' imago mundi .

L'intégration aux loges opératives britanniques du XVIIe siècle de personnes étrangères au métier serait de ce fait totalement logique et naturelle : le maçon-tailleur de pierre n'est plus seulement un habile ouvrier, c'est aussi un géomètre auprès duquel les savants ne dédaignent pas de venir s'instruire (voir les cas de Dürer en Allemagne et de Pacioli en Italie) ; il peut également être un « artiste » ou un gentleman davantage préoccupé par la dimension intellectuelle de l'architecture que par sa pratique et venant en retour enrichir les hommes de métier de ses connaissances théoriques.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:51

Il est d'ailleurs à remarquer que certains spéculatifs du XVIIe siècle ne sont pas si étrangers au métier qu'il y paraît de prime abord, sauf à avoir une vision extrêmement sommaire du métier de tailleur de pierre : ce sont, par exemple, des militaires s'occupant d'artillerie et de travaux de fortifications. Etaient-ils militaires avant que de devenir maçons « spéculatifs » ou bien étaient-ils déjà maçons « opératifs » avant que d'incorporer l'armée ? La question mérite d'autant plus d'être posée que non seulement l'architecture militaire représente alors une branche importante de la construction, tant en termes économiques que du point de vue des innovations techniques, mais aussi parce que l'on possède des témoignages, côté français, de la perméabilité entre les deux statuts : des tailleurs de pierre font carrière d'ingénieur militaire tandis que d'autres s'engagent dans l'armée au gré de périodes de chômage ou par goût de l'aventure, pour les mêmes raisons et à la même époque, on en rencontre aussi parmi les émigrants en Nouvelle-France.

L'Angleterre et l'Ecosse n'ont d'ailleurs pas le monopole des organisations initiatiques de tailleurs de pierre. Il existe aujourd'hui encore en France un compagnonnage de tailleurs de pierre d'origine ancienne (une autre branche s'est éteinte au tout début du XXe siècle) et il existait jusqu'aux premières décennies du XIXe siècle dans les pays germaniques une semblable organisation, la Bauhütte , dont le siège suprême était la loge ( Hütte ) de la cathédrale de Strasbourg. Si, pour la France, rien ne permet actuellement de connaître les règles internes des compagnons tailleurs de pierre avant le début du XVIIIe siècle, au moment même où apparaissent la Grande Loge de Londres puis les premières loges parisiennes, il n'en est pas de même pour la Bauhütte germanique : on connaît notamment ses Statuts de Ratisbonne datant de 1459, qui évoquent, comme les Statuts Shaw cent quarante ans plus tard, l'existence de pratiques secrètes, à caractère initiatique.

Dans les deux cas, en France comme en Allemagne, il existe des similitudes avec la tradition maçonnique britannique, ce qui n'exclut d'ailleurs pas des différences importantes. Au stade actuel des recherches, freinées par les lacunes documentaires, ce serait aller trop vite en besogne que d'affirmer abruptement que toutes ces organisations initiatiques de tailleurs de pierre procèdent d'un tronc commun datant de l'époque médiévale, voire du Haut Moyen Age (pour ne pas dire du temps de Salomon). Néanmoins, cette piste de recherche ne doit pas être rejetée.

Elle trouve en effet un écho troublant dans le Récit d'Euclide des Old Charges : La transmission de la tradition maçonnique à l'Angleterre, depuis son origine antique et l'épisode de la construction du Temple de Salomon, est donnée comme s'étant opérée via la France, du temps de Charles II ou, selon les versions, de Charles Martel. Or, c'est justement de ce dernier que se revendiquent au XIIIe siècle les tailleurs de pierre parisiens pour faire enregistrer leur privilège d'exemption du guet lors de la rédaction du Livre des métiers . De même, c'est à Charles II, roi de France mais aussi empereur d'Occident, que renvoie la reconnaissance rituelle des compagnons tailleurs de pierre germaniques, dans une question concernant la fondation de la Bauhütte . Ces faits ne sont probablement pas strictement historiques, mais ils démontrent l'existence de racines traditionnelles communes aux compagnonnages de tailleurs de pierre britanniques, français et germaniques. On notera d'ailleurs que la période carolingienne correspond à une première renaissance de l'architecture après la chute de l'Empire romain, et que, fortement marquée par la thématique davidienne et salomonienne des rois bâtisseurs, elle connaît d'importantes migrations européennes d'équipes entières de bâtisseurs (les fameux magistri comacini ).

Par ailleurs, pour faire pendant à l'exemple écossais et revenir à des aspects plus solidement documentés, il apparaît aujourd'hui que les Compagnons tailleurs de pierre français formaient eux aussi aux XVIe-XVIIe siècles un milieu possédant une culture vitruvienne et un intérêt certain pour l'hermétisme. Les commentaires symboliques de Philibert Delorme, maître maçon de formation et théoricien de l'architecture, sont à cet égard exemplaires, au point que vu l'importance qu'il accorde à l'emblème du serpent entrelacé au compas, tout laisse à penser qu'il était lui-même compagnon du Devoir. Le carnet d'architecture de Jean Chéreau, « tailleur de pierre natif de Joigny » (Yonne), comme il le précise lui-même sans ambages, témoigne lui aussi, dans le dernier quart du XVIe siècle, de cet éclectisme culturel et d'un intérêt marqué pour les sciences hermétiques (la géomancie dans son cas). Il est d'autant moins étonnant de constater que ces opératifs « spéculaient » que les plus talentueux d'entre eux côtoyaient non seulement la noblesse et le clergé (leurs commanditaires) mais semble-t-il également les graveurs, imprimeurs et autres gens du livre, un milieu passionné d'architecture (plusieurs la pratiquent) dont on sait qu'il joua un rôle considérable dans l'épanouissement de l'hermétisme aux XVIe et XVIIe siècles et sa diffusion à l'échelle européenne.

En 1992, Joy Hancox publiait une étude sur une étonnante collection de dessins géométriques, architecturaux et symboliques, datant du XVIIe siècle et du tout début du XVIIIe siècle, réunie vers 1725 par John Byrom (1691-1763), membre de la Royal Society et franc-maçon. Ces dessins renvoient à des thèmes et à des personnages qui appartiennent précisément au milieu des gens du livre, des architectes et des hermétistes européens, tels Johann Theodore de Bry (graveur et éditeur de la plupart des grands textes hermétiques du début du XVIIe siècle), Michel Le Blon, Salomon de Caus (architecte et ami d'Inigo Jones, revendiqué en 1738 par Anderson dans ses Constitutions comme ayant été Grand Maître de la franc-maçonnerie opérative), Athanasius Kircher, Heinrich Khunrath, Michaël Maïer, Robert Fludd, Isaac Newton. . . etc. Ce milieu s'ordonne autour des idées de l'alchimie et de la kabbale chrétienne. Il culmine au début du XVIIe siècle, avec le courant rosicrucien, se manifestant dans les contrées germaniques mais possédant de fortes racines et répercussions en Angleterre, notamment au travers du mariage, en 1613, de la princesse Elisabeth avec Frédéric V, l'Electeur palatin, et la fondation, parachevée en 1662, de la Royal Society. Parmi les références à la franc-maçonnerie datant du XVIIe siècle, plusieurs font le rapprochement entre celle-ci et les mystérieux Rose-Croix, et l'intérêt que leur portaient les premiers spéculatifs, tel Elias Ashmole est connu.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:52

Cette hypothèse d'un rapport étroit par ce biais avec le rosicrucianisme n'a pas seulement pour mérite d'expliquer certains aspects franchement hermétiques de la franc-maçonnerie « post-opérative » : ce courant possède une dimension métapolitique considérable, dont l'alliance entre l'Angleterre et le Palatinat fut une tentative de réalisation. En effet, le thème central des textes rosicruciens, c'est la description d'une société harmonieuse, dirigée par un cénacle d'initiés, thème qui sera exposé en Angleterre par Francis Bacon (1561-1626) dans son étonnante Nova Atlantis . C'est précisément là, on le lui a souvent reproché à cause des dérives, l'un des autres aspects caractéristiques de l'ordre maçonnique...

Au terme de ce bref tour d'horizon, il apparaît comme probable que la franc-maçonnerie moderne est née non pas dans le sillage direct des bâtisseurs de cathédrales gothiques, mais plutôt, sans que cela soit une hypothèse absolument contraire et exclusive, dans celui de ces hermétistes, rosicruciens et kabbalistes, passionnés d'architecture et presque tous impliqués dans la fondation de la Royal Society.

C'est d'ailleurs à partir du même substrat intellectuel et mystique que proliféreront durant la seconde partie du XVIIIe siècle, tout particulièrement en France et en Allemagne, les Hauts Grades maçonniques. Le rapide développement de la franc-maçonnerie sur le continent pourrait d'ailleurs s'expliquer par le fait qu'il ne s'agissait pas simplement d'une nouveauté anglaise « à la mode », ce facteur est cependant d'une importance considérable, et une sorte de retour aux sources. On constate d'ailleurs que les rites et symboles fondamentaux connaissent aussitôt quelques ajustements à caractère éminemment « opératif ». Les Hauts Grades explorant plutôt la chevalerie et l'alchimie. La franc-maçonnerie britannique aurait-elle rencontré sur son chemin une forme de franc-maçonnerie « opérative » continentale ou, plus exactement, les compagnonnages de tailleurs de pierre ? Avec la question de l'articulation entre les loges médiévales et celles de la Renaissance, c'est l'un des nombreux mystères qui restent toujours à éclaircir.

* Spécialiste de l'histoire des compagnonnages, Jean-Michel Mathonière a publié plusieurs études sur les compagnons tailleurs de pierre.

Extrait des Constitutions d'Anderson

« Une loge est un lieu où des Maçons s'assemblent et travaillent. Par conséquent, cette Assemblée ou Société de Maçons dûment organisée est appelée loge et chaque frère doit appartenir à une et se soumettre à son règlement et aux règlements généraux. »

Une corporation bien ordonnée

Le Moyen Age est l'époque de la franc-maçonnerie de métier, dite "opérative". Sur les chantiers, les artisans obéissent à une stricte hiérarchie dominée par le maître - maçon, expert en géométrie.

Repères

Xe-IXe s. avant J.-C.
Certains font remonter les origines de la franc-maçonnerie à l'architecte Hiram de Tyr sous le règne de Salomon.
1356
Témoignage le plus ancien concernant l'organisation du métier de maçon en Angleterre.
vers 1390
Le Regius . Histoire légendaire du métier de maçon.
vers 1420
Le Cooke . Code réglementant la conduite des maçons et leurs relations avec les apprentis et les maîtres.
1486
Redécouverte de traité de Vitruve intitulé De Architectura .
1723
Rédaction des Constitutions d'Anderson.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:53

La truelle

Les symboles opératifs font référence à l'activité manuelle réelle du maçon et se rattachent à la tradition des corporations de bâtisseurs du Moyen Age formant la maçonnerie dite opérative, du latin « opus », oeuvre, ouvrage. Le vocabulaire employé par les gens du métier est repris au XVIIIe siècle par la franc-maçonnerie moderne, dite spéculative. Elle se définit comme une société de pensée philanthropique et non plus comme une corporation d'artisans. Les symboles spéculatifs, extraits de leur contexte originel, servent à évoquer une construction mentale. Les outils, présents physiquement lors des séances de travail, appelées travaux maçonniques, toujours en référence aux chantiers des temps anciens, sont posés sur la Bible devant le plateau du Vénérable. Ils servent à bâtir virtuellement l'oeuvre commune, le Temple de l'Humanité.
Symbole de l'amour fraternel et de l'union entre les maçons, la truelle est l'outil utilisé pour cimenter le Temple de l'Humanité. Elle symbolise également deux vertus : la tolérance et la bienveillance.


Ascendance biblique

La légende fait remonter les origines de la franc-maçonnerie au temps du roi Salomon.

Légende et règlements du métier

Les Old Charges sont des textes anglais rédigés entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Ils forment un ensemble documentaire précieux pour connaître les usages des maçons médiévaux. Euclide (300 av. J.-C.), inventeur de la géométrie, y joue un des rôles fondateurs.


Les modèles initiatiques

Le Grand Architecte de l'Univers est le symbole de référence des toutes premières loges. A la Renaissance, Léonard de Vinci s'inspire des travaux de Vitruve, l'un des premiers sous l'Antiquité à codifier l'architecture et à penser l'Homme universel, tant dans ses proportions physiques que dans ses connaissances.

Opératifs et spéculatifs

La franc-maçonnerie moderne est, dès le XVIIIe siècle, qualifiée de « spéculative », car elle emploie des symboles du métier de maçon pour nourrir la réflexion intellectuelle de ses membres, mais n'exige aucunement d'eux l'exercice réel de ce métier. Par opposition, « opérative » est un terme plus récent forgé par les historiens pour désigner la franc-maçonnerie d'avant l'époque moderne et constituée de véritables tailleurs de pierre et maçons. Si cette distinction est commode sur le plan du langage, elle tend à fausser la compréhension exacte de la nature de la maçonnerie opérative. En effet, celle-ci est, du coup, souvent réduite à une simple organisation de métier dont les membres n'auraient pas été véritablement conscients de la portée intellectuelle de leurs rites et symboles. La raison d'être de ceux-ci et de leur caractère secret étant limitée à la nécessité de protéger le monopole exercé par la profession. A l'opposé, certains auteurs ont tendance à placer les opératifs sur un piédestal, leur attribuant la possession de secrets ésotériques exceptionnels... On peut dire que la dichotomie opératif/spéculatif n'a guère de sens, d'autant que l'étude de certaines de ces sociétés de compagnonnage montre que nombre de leurs membres, en réalité plus architectes et ingénieurs que simples « casseurs de cailloux », jouissaient sous l'Ancien Régime d'un niveau intellectuel remarquable sur l'art de bâtir. La distinction entre opératif et spéculatif les aurait probablement fait sourire... C'est notamment dans le milieu des gens du livre que l'on trouve les premiers "frères".

Comprendre

Rose-Croix et rosicrucianisme

Au début du XVIIe siècle, en Allemagne, paraissent des textes évoquant la mystérieuse fraternité mystique de la Rose-Croix qu'aurait fondée vers 1459 Christian Rosenkreutz, hermétiste ayant rapporté d'Orient des secrets alchimiques et médicinaux. Le rosicrucianisme suscitera dans toute l'Europe un immense intérêt, notamment chez les scientifiques.

Hermétisme

Se référant à des textes ésotériques de l'Antiquité gréco-romaine attribués à Hermès Trismégiste, l'hermétisme est un ensemble de doctrines à caractère occulte et initiatique s'articulant autour de l'alchimie et de la cosmologie. L'hermétisme chrétien sera très influencé par la kabbale à la Renaissance.


Science rime avec sagesse

Nombreux sont les scientifiques et philosophes du XVIIe siècle, férus d'alchimie et de textes anciens. Ils prétendent à l'harmonie terrestre et sont sans doute les précurseurs de la franc-maçonnerie moderne.

En complément, sources à lire :

- Les origines de la franc-maçonnerie : le siècle écossais 1590-1710, par David Stevenson, (Edition Télètes, 1993).
- Les Premiers francs-maçons : les loges écossaises originelles et leurs membres, par David Stevenson, (Edition Ivoire-Clair, 2000).
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:54

En France plus particulièrement.

A) Retard d'une Révolution

Contrairement à la théorie du complot maçonnique dénoncé en 1797par l'abbé Barruel, les maçons font plutôt profil bas en 1789. La légende révolutionnaire naîtra un demi-siècle plus tard, à l'avènement de la IIe République. Grâce à un "profane", Alphonse de Lamartine.

A la veille de la Révolution, le Grand Orient de France, sous la direction nominale du duc de Chartres (futur duc d'Orléans puis Philippe Egalité), mais de fait sous celle du duc de Montmorency-Luxembourg, fédère quelque cinq cents loges et probablement une trentaine de milliers de maçons. Tout ce qui compte dans la vie sociale à Versailles, à Paris, en province est ou a été maçon. Sous l'égide du Grand Maître travaillent des loges militaires, des loges d'adoption - réservées aux dames de très haute noblesse, comme la duchesse de Bourbon -, des loges navales, des loges coloniales. Grâce à une administration relativement solide, le Grand Orient de France - créé en 1773, à la suite de la crise parisienne qui agite la Grande Loge de France - réussit à maintenir un semblant d'autorité sur ce monde maçonnique.

Il obtient que chaque loge, nouvelle ou ancienne, lui présente ses « constitutions » (statuts) qui doivent être renouvelées. Bien entendu, toutes les idéologies peuvent s'y rencontrer. Socialement, 80 % des membres sont du Tiers Etat, contre 15 % de nobles et 4 % d'ecclésiastiques (chanoines, curés et religieux en proportion inégale), les interdictions pontificales ayant semble-t-il peu joué, sauf au niveau de l'épiscopat. Les nobles sont essentiellement militaires, non seulement dans les loges militaires, mais aussi dans les loges bourgeoises.

Quant au Tiers, il est dominé par les officiers royaux et les négociants. L'artisanat et la boutique sont très souvent exclus... Car malgré le principe d'égalité, on « maçonne » entre gens du même milieu : loges aristocratiques, négociantes ou petites-bourgeoises. Les « pauvres » sont éliminés tout comme les comédiens (mais pas les musiciens), les juifs mais pas les protestants (qui, au contraire, jouent souvent un rôle majeur). Le monde littéraire et artistique est important et ne le sera jamais autant : un millier d'auteurs sur les six mille connus.

La majorité des francs-maçons est indiscutablement « éclairée », mais on peut citer quelques farouches ennemis des Encyclopédistes, dont Elie Fréron et Lefranc de Pompignan. Ainsi le rôle de l'Ordre dans l' Encyclopédie de Diderot est-il marginal. La musique est bien représentée avec Cherubini, Méhul, Piccinni, Delayrac. Plusieurs loges possèdent leurs orchestres.

Certains historiens affirment que la décadence de l'Ordre aurait commencé dès la veille de la Révolution avec les réunions des Assemblées de notables et des Assemblées provinciales - créées par Loménie de Brienne, le nouveau contrôleur général des Finances du royaume, et préfiguration des états généraux. Ce n'est pas évident, sauf pour quelques régions, dont l'Ile-de-France et peut-être la Provence. Mais une fois la Constituante réunie (du 17 juin 1789 au 30 septembre 1791), et les premières décisions politiques prises, la maçonnerie essaie de montrer à l'égard de la monarchie constitutionnelle le même loyalisme qu'à l'égard de la monarchie absolue, fidèle en cela aux Constitutions d'Anderson.

La plupart croient que la maçonnerie n'est nullement en dysharmonie avec l'ordre nouveau, mais ne blâment jamais ceux qui y sont hostiles, aristocrates et plus tard émigrés. La « cohabitation » devient néanmoins impossible, et les frères expliqueront a posteriori ces ruptures qui entraîneront souvent la disparition des loges par « les circonstances » ou « la différence des opinions politiques ». Disparaissent donc les ateliers aristocratiques, la plupart des loges militaires, mais également beaucoup de loges bourgeoises. Les frères pris par les affaires publiques négligent les assemblées. « Nous avons, écrit le 28 mai 1792 un vénérable de Toulon au Grand Orient, des occupations plus urgentes et plus conséquentes que la maçonnerie. » Effectivement, beaucoup de frères, notables de leur ville, sont appelés à la tête des municipalités, des districts et des départements, ou à la direction des sociétés populaires.

D'une façon générale, les loges sont entrées en sommeil avant le 10 août 1792. Il reste peut-être un dixième de l'effectif à cette date, mais il est difficile de donner une proportion exacte, car nombre d'ateliers ont subsisté sous forme profane ou de manière informelle. La situation s'aggrave avec l'avènement du gouvernement révolutionnaire. Certes, il n'y eut jamais, comme plus tard sous Vichy, d'interdiction générale de l'Ordre. Mais les jacobins lui sont hostiles. Ils pensent que, dans une république, il ne doit pas y avoir d'organisation dont l'activité échappe au contrôle populaire.

C'est d'ailleurs ce que reconnaît le Grand Maître, Philippe d'Orléans dans une lettre du 3 janvier 1793 (rendue publique le 23 février). Les arrêtés d'interdiction sont donc l'oeuvre de représentants en mission de districts, de départements ou de sociétés populaires particulièrement zélés. Comme souvent en pareille circonstance, l'attitude des frères a beaucoup varié ; certains se sont soumis, attendant des jours meilleurs. A Bordeaux et à Toulouse, certaines loges, formées essentiellement de militaires et de fonctionnaires, continuent à se réunir librement « sous la protection des lois » en pratiquant le « mimétisme révolutionnaire » (changement de titres distinctifs, rubans tricolores dans les décors, tutoiement, adoption du calendrier révolutionnaire, etc.). Une trentaine de loges aurait ainsi survécu.

Nous savons d'autre part qu'il y a eu ici et là des tenues informelles qui ont permis, dès la réaction thermidorienne et sous le Directoire, la restauration de l'Ordre. En revanche, nous connaissons mal le moment où les instances dirigeantes ont cessé de se réunir. Le redressement, rendu très difficile par la dispersion politique des frères, mais aussi par la politique imprécise du Directoire, ne fut pas aisé. Le Grand Orient a survécu jusqu'à l'été 1794.

A la veille de la Révolution, les frères (appartenant essentiellement à la haute noblesse) se sont déjà divisés : pour ou contre Brienne, pour ou contre Necker. Cette division s'accentue lors des élections à la Constituante. Malgré les efforts du député lyonnais Milanois, il est impossible de réunir les frères députés en fraternelle. L'attitude politique de ces élus est édifiante de la profonde scission qui se produit, pendant la période révolutionnaire, à l'intérieur du pays.

Dans la noblesse où l'épée domine, la rupture s'effectue très vite. Un quart des maçons nobles suit le duc d'Orléans dans son rapprochement avec le tiers état. Ensuite, ces « sires » se rencontrent à tous les horizons politiques, de la gauche (Beauharnais, Hérault de Sechelles), à la droite (Cazalès) et parmi l'émigration (Montmorency-Luxembourg, CroØ). Les représentants du clergé restent relativement cohérents jusqu'au vote, le 12 juillet 1790, de la Constitution civile du clergé : la majorité passe dans l'opposition, mais les futurs évêques constitutionnels, en sont partisans.

La masse des députés du tiers est constitutionnelle. Néanmoins, on trouve des partisans de l'Ancien Régime, Faydel, Paccard et surtout Martin Dauch, député de Castelnaudary, le seul à refuser de prêter le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789. Il y a aussi quelques députés en relation avec l'extrême gauche : Barère, Prieur de la Marne, Merlin de Douai, etc. D'après les votes, on peut dire qu'une centaine de maçons est favorable à la Révolution, une cinquantaine a une attitude effacée, quarante sont nettement hostiles au mouvement parmi lesquels trente et un émigrent.

Par la suite, vingt-neuf siégeront à la Convention, une douzaine dans les conseils du Directoire. Quatre-vingt-un se rallieront au Consulat et à l'Empire, quinze à la Chambre des pairs de 1815, dont quatre refuseront de voter la condamnation du frère maréchal Ney.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:55

A l'Assemblée législative (1er octobre 1791-20 septembre 1792), les maçons se retrouvent à tous les bords politiques : à droite, Pastoret, Lameth, Mathieu Dumas, Beugnot, Jaucourt, Girardin ; à gauche, Couthon, Guadet, Lacombe Saint- Michel, Romme, Lamarque. Plus difficiles à classer, Aubert Dubayet, Lacépède, Muraire.

Sous la Convention (21 septembre 1792-26 octobre 1795), les cent soixante parlementaires maçons se divisent. Lors du vote test sur la culpabilité du roi, le 17 janvier 1793, soixante-six votent la mort, treize le sursis, cinquante-deux d'autres peines. Si on ajoute à ces non-régicides ceux qui ont voté l'amendement du frère Miailhe (le sursis), on arrive à un total de soixante-cinq, à une unité près celui des régicides.

Si on tient compte de la distinction montagnards-girondins-plaine, une trentaine s'oriente nettement vers la gironde, une cinquantaine vers la montagne, la grande masse étant centriste. Mais ces frères s'engagent souvent jusqu'à la mort.

L'attitude des parlementaires n'a guère de répercussions sur les frères de la base. Il y a toujours eu une maçonnerie de droite, sinon d'extrême droite. Aux débuts, elle apparaît dans les loges d'aristocrates jusqu'à leurs dissolutions. A Toulouse, vingt-sept parlementaires sont exécutés sous la Terreur. A Lyon, on dénombre cent trente-six victimes de la répression révolutionnaire après la prise de la ville, car les frères ont été nombreux dans la municipalité girondo-royaliste (Vireu, Savaron, Perprissé, Duluc, Gilibert). Dans l'Ouest, il y a évidemment émigration, mais surtout participation au soulèvement vendéen avec Charette, Contades, La Bourdonnaye...

En tant que « corps », la maçonnerie n'a pas à se féliciter de la Révolution. Le nombre des victimes maçonnes n'a jamais été établi, sauf pour Lyon, cas qu'il est cependant impossible de généraliser.

Les organismes directeurs ont pratiquement disparu et peu de loges ont réussi à se maintenir. Le redressement a commencé mais, sous le Directoire (oct. 1795-nov. 1799), l'Ordre est profondément divisé, et cette distinction n'est pas seulement idéologique, mais aussi politique. Il y a désormais des ateliers jacobins et des ateliers monarchistes. Mais les anciennes distinctions de rites et d'obédiences se sont estompées.

B) Diabolisation et création du mythe du Complot Maçonnique

L'accusation d'avoir été aux sources de la Révolution se mêle aux autres idées. La « latomophagie » (littéralement « bouffeur de maçons ») est parfaitement contemporaine à l'Ordre et on en trouve les premières traces en Angleterre au XVIIIe siècle... Il n'y a évidemment jamais eu l'ombre d'une preuve de l'existence d'un complot contre l'Eglise et l'Etat et a fortiori que ce complot ait eu une origine maçonnique.

Pourtant, sous l'influence de l'abbé Barruel, auteur en 1797 des Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, prend corps une violente campagne antimaçonnique visant à faire de la Révolution française, puis des révolutions subséquentes - indépendance sud-américaine, Risorgimento, développement du nationalisme hongrois et tchèque, puis plus tard, russe -, une oeuvre maçonnique. Il semble que cette idée ait connu un immense succès dans les milieux aristocratiques et particulièrement au sein du clergé à qui il fournissait une réponse facile aux questions posées. Aux accusations de Barruel, les loges répondent par une négation à peu près totale.

Mais le polémiste le plus efficace est l'ex-constituant grenoblois, Jean-Jacques Mounier, bien placé pour parler de ces problèmes, puisqu'il a joué, dans les prémices de la Révolution, un rôle capital. Mounier n'est pas isolé. Les frères qui prennent la plume nient toute relation entre maçonnerie et jacobinisme. Pourtant, le mythe survit et prospérera.

Sous l'Empire, tout le monde se tait, et la police tout autant que les préfets défendent la maçonnerie contre les attaques du clergé. En revanche, la Restauration est marquée par une forte reprise de la polémique antimaçonnique. Dès 1815, est publié Le Nouveau Judaïsme ou la Franc- Maçonnerie dévoilée , oeuvre d'un anonyme qui reprend les aveux de Cagliostro. Celui-ci a interprété le sigle LDP (Liberté de passer) du grade de chevalier d'Orient par Lilium destrue pedibus (Foule les lys aux pieds) et affirmé que le but de l'Ordre est de détruire la monarchie. Plus grave, dès 1820, apparaissent les accusations de « satanisme », la maçonnerie « synagogue de Satan ». Des « ultras » s'adressent à la justice ou à la Chambre des pairs pour obtenir l'interdiction de l'Ordre. Malgré cette attitude hostile du pouvoir, la maçonnerie n'a jamais cessé de renier la Révolution.

C'est en 1848 que les choses vont changer, par la grâce d'un profane de génie, Alphonse de Lamartine qui, le 10 mars, fait sienne l'affirmation parfaitement inexacte du frère Barbier, selon laquelle la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » a « de tout temps » été celle de l'Ordre. Lamartine lui donne toute sa résonance. Désormais - non d'ailleurs sans débats -, la devise qui était déjà celle de la République (de la deuxième, pas de la première) devient celle de la franc-maçonnerie française. Il y a un évident contraste entre le rôle très discret, sinon nul, de la maçonnerie pendant la Révolution et la légende qui l'entoure.


Il va sans dire qu'il ne saurait être question de nier l'influence de certains maçons sur les événements, même si la maçonnerie n'y a pas joué un rôle de premier plan. Le général vendéen Autichamp - qui laisse la vie sauve à 5 000 républicains - eût-il été différent s'il eut été profane ? Le rôle de Couthon - qui fit preuve de modération dans la répression à Lyon - au Comité de Salut public aurait-il été le même s'il n'avait appartenu à l'atelier tarbais ? Questions que nous sommes en droit de nous poser, même s'il nous est, historiquement au moins, impossible de répondre.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:56

Aux temps bénis de la IIIe République

Voici sans nul doute l'âge d'or de la franc-maçonnerie. Aux problèmes qui agitent la société française, les frères offrent des solutions. Une omniprésence dont ils feront les frais à l'heure de la défaite de 1940.

Dès la proclamation du nouveau régime en septembre 1870, conséquence de la défaite de Sedan, les francs-maçons sont présents dans le gouvernement : vieux républicains comme Adolphe Crémieux, Garnier-Pagès, Eugène Pelletan, ou plus récents tels Emmanuel Arago, Léon Gambetta ou Jules Simon. Ils n'apparaissent pas ici comme francs- maçons, mais comme tenants des idées nouvelles. Ils ne sont pas seuls, ces hommes politiques appelés à la postérité. Ils sont relayés dans les provinces par des préfets, sous- préfets, eux-mêmes cadres de la république naissante et membres du Grand Orient de France.

Le maillage de la France républicaine commence, et il est d'autant plus nécessaire que le pays est encore majoritairement monarchiste ou bonapartiste, avec le soutien d'une Eglise catholique unie par des sentiments contre-révolutionnaires et donc antirépublicaine. La Commune de 1871 confirme dans les esprits conservateurs que la république, c'est le désordre. Si le président du Conseil de l'Ordre - on ne dit plus Grand Maître depuis 1870 - condamne le mouvement de son propre chef, le convent de 1871 ne vote pas de sanctions contre les frères impliqués dans la Commune, suivant en cela les préceptes politiques des Constitutions d'Anderson de 1723 qui prônent la fidélité des maçons aux gouvernements en place, tout en se refusant à les punir s'ils s'avisent de les combattre et de comploter contre eux.

Si la république s'instaure, c'est lentement. Il ne suffit pas de proclamer un régime, de voter quelques lois constitutionnelles, dont l'une instituant un président de la République, pour avoir une France républicaine. Il faut un travail dans les esprits, notamment dans les campagnes où l'influence de l'Eglise est encore forte. L'image caricaturale de la lutte entre l'instituteur et le curé est en fait proche de la réalité. Cet instituteur est souvent franc-maçon. Il est le vecteur de la politisation républicaine de la France, et le médiateur dans la diffusion des idées. Face à lui, le représentant d'une Eglise qui ne se ralliera officiellement, quoique du bout des lèvres, au régime républicain que dans les années 1890. Ce clivage marque toute la IIIe République et se trouve amplifié lors des crises. C'est parce que l'Eglise est le héraut organisé de la volonté conservatrice qui, en l'absence de partis, n'a pas d'unité, que se développe en franc-maçonnerie un anticléricalisme, dénominateur commun de tous les frères.

Il ne suffit pas de combattre « l'infâme », encore faut-il élaborer un système qui puisse imposer un esprit républicain. Cette république va se construire dans les ateliers, non pas dans une optique révolutionnaire, la franc-maçonnerie n'aspire pas au bouleversement, mais réformiste. En témoignent les travaux des convents du Grand Orient de France et la nature des conférences (on dit « planches ») prononcées en loges. Car, à partir des principes énoncés dans la Constitution du Grand Orient, les frères ne se contentent pas de concevoir des doctrines, ils émettent des voeux qui témoignent de leur volonté d'action dans la vie publique. Ce sont essentiellement les questions sociales et scolaires qui dominent ; toutefois, la franc-maçonnerie ne peut échapper à l'influence de l'environnement économique, politique, international. Ainsi les questions travaillées en loges sont-elles discutées lors des convents et montrent bien la nature des préoccupations maçonniques. Sont traitées, entre autres :
- En 1900 et 1901, la réforme de l'enseignement, la question de la dépopulation, la création d'une caisse de retraite pour la vieillesse ;
- En 1903 : la participation des ouvriers aux bénéfices de l'entreprise, la réglementation du travail des femmes et des enfants, les rapports entre le capital et le travail ;
- En 1911 et 1912 : l'alcoolisme, la prostitution, la criminalité juvénile ;
- En 1931-1932 : la crise morale de la démocratie, le chômage, ses causes et ses remèdes.
La grande crise commence à se faire sentir en France. En 1933, Hitler vient de prendre le pouvoir en Allemagne. La question du désarmement et de la sécurité internationale est alors étudiée.

Depuis l'instauration de la IIIe République, l'osmose entre paysage politique et paysage maçonnique est importante. On définit alors la franc-maçonnerie comme « la république à couvert ». D'un côté, les dirigeants du Grand Orient sont souvent des hommes politiques : Colfavru est député, Desmons sénateur, Thulié président du conseil municipal de Paris, Viguier et Lucipia sont présidents du conseil général de la Seine, Blatin député du Puy- de-Dôme, Delpech est sénateur et Lafferre député. A la Grande Loge, Mesureur est ministre. Et parmi les membres des obédiences, on trouve bon nombre de députés, de maires et d'élus de toutes sortes.

D'un autre côté, un certain nombre de gouvernements sont présidés par des francs-maçons. Si Charles Floquet et Léon Bourgeois sont les seuls présidents du Conseil ouvertement soutenus par le Grand Orient, il y a aussi Dupuy, Combes, Brisson, et on trouve quantité de frères ministres, jusqu'à 60 % entre 1889 et 1893 et de 1902 à 1906. D'ailleurs, le premier parti politique qui voit le jour en 1902, la loi sur les associations date de 1901, dit dans l'article premier de ses statuts :

- « Il est formé entre les comités, ligues, unions, fédérations, sociétés de propagande, groupes de libre-pensée et loges [...], une association dénommée parti républicain-radical et radical-socialiste. »

Malgré cette présence affirmée dans le monde politique, la franc-maçonnerie a du mal à faire passer ses idées. Entre un voeu émis lors d'un convent et sa réalisation sous forme de loi, le temps est parfois long. Ainsi l'impôt progressif sur le revenu proposé en 1872 ne sera-t-il voté qu'en 1914, les congés payés, approuvés en 1876, ne deviendront légaux que soixante ans plus tard. Ceci montre les limites de l'influence maçonnique sur le monde politique. Certes, les lois scolaires des années 1880 qui assurent la gratuité, l'obligation et la laïcité de l'enseignement sont l'oeuvre du frère Jules Ferry. Elles ont pour objet de ne pas laisser les consciences enfantines aux mains de l'Eglise. Ces lois veulent en faire des Français par la langue et des républicains par le coeur, dans une volonté d'unification du pays. Ce que n'avait pu réaliser la Révolution, la république le construit.
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:57

La loi du 9 décembre 1905, encore en vigueur aujourd'hui et qui va fêter ses cent ans, institue la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui était réclamée par les francs-maçons depuis 1886. Elle stipule que :
- « La république ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte », qu'elle assure la liberté de conscience et qu'elle garantit le libre exercice des cultes.
C'est le fondement juridique de la laïcité française, complété constitutionnellement en 1946 et en 1958. Cette séparation, qui apportera la paix religieuse dans notre pays jusqu'à aujourd'hui, vaudra néanmoins à la franc-maçonnerie les foudres de l'Eglise.

Les travaux des loges ne concernent pas seulement le rôle de l'Eglise dans la société. Dans ces « laboratoires législatifs » que sont les convents, les études mènent souvent à des propositions de loi comme le statut des fonctionnaires, les habitations à bon marché ou les accidents du travail. Avec pour relais les hommes politiques, les préfets ou les fonctionnaires de tous échelons.

Le rôle de la maçonnerie se décèle aussi lors des grands moments de la république, avec des fortunes diverses selon les époques. Partagé lors de la Commune de Paris, le Grand Orient se retrouve uni dans la lutte contre Boulanger, ce général élu dans plusieurs départements, trop populaire au goût des républicains qui craignent le retour à un régime autoritaire. C'est d'ailleurs le ministre de l'Intérieur, Constans, qui provoque la chute du général, sous la présidence du Conseil du frère Charles Floquet. La Ligue des droits de l'homme, créée à cette époque, le sera avec la bénédiction laïque du Conseil de l'Ordre et dans les locaux de la rue Cadet (siège du Grand Orient).
Eclairage sur la Commune de Paris : tous aux barricades !

Bannières déployées, 6 000 maçons défilent du Louvre aux portes Maillot et Dauphine face à la mitraille versaillaise pour tenter de concilier les parties adverses. En vain.

En sortant de ses ateliers mystiques pour porter sur la place publique son étendard de paix, qui défie la force en affirmant en plein soleil les idées dont elle gardait les symboles dans l'ombre depuis des siècles, la franc-maçonnerie a réuni au nom de la fraternité, la bourgeoisie laborieuse et le prolétariat héroïque... Merci à elle. Elle a bien mérité de la République et de la Révolution... » Sous le titre « Les maçons aux remparts », Jules Vallès, maçon lui-même, âme de la Commune (et membre du Conseil) salue dans son journal Le Cri du peuple du 1er mai 1871 la manifestation des francs-maçons parisiens.

La manifestation du 1er mai est la fois une ode à la joie et le chant du cygne. Certes, les maçons sont sortis du temple pour la bonne cause : négocier, arrêter l'effusion de sang mais l'échec, on le sait déjà, est radical. La manifestation de l'avant-veille, le 29 avril 1871, sans précédent dans l'histoire de la maçonnerie, a conduit 6 000 frères de la cour du Louvre aux portes Maillot et Dauphine, bannières déployées, face aux barricades versaillaises du pont de Courbevoie. Ils sont partis à 8 heures du matin, ont été rejoints par des bataillons de garde nationaux et par cinq membres de la Commune, désignés par le sort, dont Félix Pyat, Jean-Baptiste Clément, l'inoubliable auteur du Temps des cerises, tous deux maçons, et Eugène Pottier, auteur des paroles de L'Internationale, qui sera initié quelques années plus tard. Plus significatif encore est ce « drapeau rouge frangé d'or » qu'un autre membre de la Commune, Léo Meillet, remet aux maçons : « C'est le drapeau de la Commune de Paris que la Commune va confier aux francs-maçons. Il sera placé au- devant de vos bannières et devant les balles homicides de Versailles. Quand vous les rapporterez, ces bannières de la franc-maçonnerie, qu'elles reviennent déchirées ou intactes, le drapeau de la Commune n'aura pas faibli... Ce sera la preuve de leur union inséparable. »

Félix Pyat est encore plus vibrant : « Frères, citoyens de la grande patrie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Egalité, Fraternité [...] vous, francs-maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aussi, après avoir affiché votre manifeste - le manifeste du coeur - sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d'humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle. »

On est loin de la discrétion, du secret maçonnique. C'est en cortège, aux sons de La Marseillaise et des hymnes rituels, que les maçons de cinquante-six loges différentes remontent les Champs-Elysées. En attendant, les obus versaillais tombent dru autour de l'Arc de triomphe et opèrent, pour un temps, une légère dispersion dans les rangs maçonniques. Le feu se calme, un drapeau blanc est planté sur une barricade, les bannières sont, elles aussi, plantées de cent mètres en cent mètres de Dauphine à Maillot, de Maillot à Bineau. Les canons se sont tus et trois délégués, Thirifocq, Fabreguette et Lavacque avancent vers les barricades versaillaises placées sous les ordres d'un autre maçon, le général Montaudon. Celui-ci ne peut qu'accorder une trêve, laissant le temps à deux délégués de rencontrer Thiers, « le petit-bourgeois », chef du gouvernement, ennemi irréductible de la Commune, pas maçon pour un sou. C'est la tentative de la dernière chance que font Thirifocq et Fabreguette.

Ils partent à 5 heures et reviennent le lendemain matin, le 30 avril, à 6 h 30. Thiers, agacé, les a fait attendre, les a reçus entre deux portes, leur a déclaré qu'il en avait assez de perdre son temps avec les avocats de la conciliation et qu'il s'en tenait à ce qu'il a dit : il continuera les hostilités tant que les insurgés n'auront pas déposé les armes. Thirifocq a compris : « Si au début les francs-maçons n'ont pas voulu agir, c'est qu'ils tenaient à acquérir la preuve que Versailles ne voulait entendre aucune conciliation. Ils sont prêts, aujourd'hui, à planter leurs bannières sur les remparts. Si une seule balle les touche, les francs- maçons marcheront d'un même élan vers l'ennemi commun. »
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MessageSujet: Re: Les Francs Maçons   Les Francs Maçons EmptyJeu 5 Jan 2006 - 12:58

Le 30 avril, le constat d'échec est donc douloureux. Pendant des années, il le restera. Le mouvement maçonnique paiera cet engagement spectaculaire. Dans sa chair, bien sûr, comme tous les communards, mais aussi dans sa tête et dans son image ; il a frôlé l'éclatement, il aura du mal à se débarrasser de son image socialiste et communarde, étayée par des ralliements spectaculaires. Ainsi Louise Michel : « Il y a longtemps que j'aurais été des vôtres, si j'eusse connu l'existence des loges mixtes [...]. Selon moi, devant le grand idéal de liberté et de justice, il n'y a point de différences d'hommes et de femmes ; à chacun son oeuvre. »

Parallèlement, le profond sentiment républicain des maçons avec la volonté de s'impliquer dans le siècle « pour apporter des solutions maçonniques à la vie du pays » a joué, constate Philippe Henri Morbach, l'historien de la Grande Loge de France. « Les vénérables se sont sentis soudain en charge de la France », dit de son côté, l'ancien Grand Maître, Jean Verdun. En l'absence du droit d'association et de réunion, les républicains ont trouvé leurs tribunes dans les loges.

Quand, le 18 mars, les Parisiens exécutent les généraux Lecomte et Thomas venus enlever les canons, et que Thiers fait de Versailles la capitale de la France, la maçonnerie est divisée entre légitimistes et progressistes. Dès le départ, les maçons avaient choisi la voie de la conciliation mais c'est une petite loge peu connue de Belleville, les Disciples du Progrès, et son vénérable Auguste Saugé, cordonnier, qui lancent le mouvement vers la manifestation du 29 avril. Auparavant, le 8 avril, les maçons ont placardé sur les murs de Paris : « Arrêtez l'effusion de ce sang précieux qui coule des deux côtés, et posez les bases d'une paix définitive qui soit l'aurore d'un avenir nouveau... » Les séances maçonniques sont alors quasi quotidiennes. Une délégation se rend à Versailles, rencontre Jules Simon le 11 avril. Celui-ci leur fait des promesses.

Elles ne seront pas tenues. Le 22 avril, une autre délégation est reçue cette fois par Thiers « avec une politesse froide ». Celui-ci se refuse à toute concession. Les délégués obtiennent une trêve pour permettre l'évacuation des populations de Neuilly, des Ternes et de Sablonville, trêve dont Thiers profite pour renforcer son dispositif. Le 25 avril au soir, les combats reprennent. Le 29 s'ouvre alors une des journées les plus surprenantes de l'histoire de la franc-maçonnerie, la journée de toutes les polémiques et de tous les échecs. Quelques jours plus tard, s'envole dans le ciel de Paris un ballon sur lequel figurent trois points symboliques - qui signifient que ce qui suit doit être lu avec attention par les frères maçons. En l'occurrence, le ballon sème des exemplaires du Manifeste maçonnique du 5 mai, qui encourage les maçons du monde entier à rejoindre dans la lutte les Communes de France unies avec celle de Paris.

Mais le 21 mai, les Versaillais entrent dans Paris et font un massacre. Le bilan est impressionnant : 30 000 morts, 38 000 prisonniers ; le physiologiste Pierre Flourens a été abattu, Gaston Crémieux fusillé, Jules Vallès, Félix Pyat, Benoît Malon, Francis Jourde et d'autres maçons sont en fuite, Saugé a disparu en Normandie.


Lors de l'affaire Dreyfus, qui va diviser le pays, ou révélera ses divisions, le rôle de la franc-maçonnerie est plus ambigu. Mais cet événement est essentiel à la compréhension de la réalité maçonnique et des rapports de l'Ordre avec le politique. Le mythe du complot judéo-maçonnique resurgit : « Comment la franc-maçonnerie aurait-elle pu se dispenser de prendre fait et cause pour Dreyfus, alors que les juifs et les protestants avaient fait de son affaire, leur affaire ? » écrit Edouard Drumont, en 1899, dans son journal La Libre Parole .

Comme dans la période qui suit la Révolution, les francs-maçons vont s'approprier le mythe construit par leurs adversaires en le positivant. Ils finissent par se persuader que la réhabilitation de Dreyfus est leur oeuvre. Or, dans les faits, leur intervention sera tardive. Il faudra près de quatre ans pour que l'obédience se lance dans la bataille. Les consignes du Conseil de l'Ordre incitent les frères à la modération et à la non-intervention dans le climat passionnel du monde profane. De 1894 à la fin de 1897, la majorité des frères reste neutre, voire foncièrement antidreyfusarde. Les quelques voix qui s'élèvent dans leurs rangs le font non pas tant en faveur de Dreyfus que contre l'illégalité du premier procès. C'est le J'accuse de Zola, en janvier 1898, qui réveillera les consciences maçonniques.

A l'aube du XXe siècle, la franc-maçonnerie française connaît une prospérité qui va durer jusqu'à la Première Guerre mondiale. Certes, elle est loin d'atteindre les effectifs que lui prêtent ses adversaires : le Grand Orient de France dépasse tout juste les 17 000 membres, la Grande Loge de France, nouvellement créée compte 5 000 frères, le Droit Humain encore moins. En tout donc, moins de 25 000 francs-maçons. Cependant, leur influence dans la républicanisation du pays est forte. Les mesures inspirées par les travaux dans les loges sont parfois votées au parlement avec l'appui des frères députés ou sénateurs.

L'influence maçonnique est bien sûr liée à la victoire du Bloc des gauches en 1902. La présidence du Grand Orient est tenue par des radicaux : Lucipia, Desmons, Delpech, Lafferre, et il en est de même à la Grande Loge avec notamment Gustave Mesureur. Pour les élections, des comités républicains, créés et animés par les loges partout en France, ont fait campagne de façon ouverte en faveur des candidats de gauche. Lorsque le franc-maçon Emile Combes est nommé à la présidence du Conseil, sa politique anticléricale lui vaut le soutien des obédiences. Elles sont en grande partie entendues comme en témoigne la loi de Séparation de décembre 1905 votée après le départ de Combes pour cause d'« affaire des fiches ». C'est d'ailleurs cette affaire qui va provoquer la fin de l'intervention directe de la maçonnerie dans la vie politique.

Les risques de telles ingérences apparaissent clairement aux dirigeants maçonniques. A cela s'ajoute, suite à la loi sur les associations de 1901, la constitution de partis politiques, à gauche notamment les radicaux et les socialistes de la SFIO. La franc-maçonnerie n'est plus le seul lieu de réflexion politique. Son rôle de relais entre les idées et l'action se voit concurrencé par celui des partis. Néanmoins, dans une large majorité, les loges continuent de se préoccuper de réformes sociales.

Les grands projets côtoient les voeux d'améliorations pratiques : le code du travail comme le statut juridique des enfants naturels, les coopératives ouvrières comme la surveillance des logements malsains, la création d'un ministère du Travail comme la criminalité juvénile. Les actions concrètes non plus ne manquent pas : en témoigne l'ouverture, dans les locaux maçonniques, d'universités populaires. Tous les problèmes sont y abordés, à l'exception de ceux provoqués par la situation internationale.

En 1914, un maçon, René Viviani, est président du Conseil et son cabinet d'Union sacrée compte neuf maçons, tandis que le frère Joffre dirige l'armée française. Pendant la guerre, du fait de la mobilisation, les obédiences voient leur activité se ralentir. Les convents ne se réunissent plus mais les discussions continuent au sein des loges, notamment à partir de 1917 avec la chute du tsarisme en Russie et l'avènement du bolchevisme. On discutera d'ailleurs après la guerre de l'opportunité de reconnaître la République des soviets. On débat également du type de paix à négocier avec l'adversaire.
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