Pourquoi l'art rend heureux ?

Avec du recul, je sais que 3 choses me sont capitales :

- la lecture
- la musique
- toutes les formes d'art

Pourquoi ?
Mon bien-être. la thalasso, ok. tout comme la gym, la natation,etc.
mais l'art c'est différent, sans équivalent.
sans forcément de grandes connaissances dans tous les domaines.
je ne m'appelle pas Universalis --34
mais pas besoin de comprendre l'art, ça nous touche ou non. ce n'est que ça, seulement ça.

n'est-ce pas ?

Bonjour Désirade,

Il me semble quand même que la connaissance peut aider à affiner le ressenti, l'émotion artistiques.
Je prends pour simple exemple du tableau "Guernica" de Picasso. Et bien, c'est parce que je sais inscrire ce tableau dans l'Histoire, c'est parce qu'il me parle de la folie des Hommes et de leur volonté de puissance, qu'il me touche ! Qu'il me touche au point d'en pleurer…

Je ne crois pas que je regarderais "Guernica" de la même façon, si je ne savais rien de se qui s'est passé à Guernica en 1937, si je ne savais rien d'Hitler ni de Franco.

L'émotion artistique c'est comme la création : ça se peaufine, ça se travaille, ça peut faire souffrir aussi. L'émotion artistique, c'est de l'HUMAIN à l'état pur !!!

Lubie.

Qu'est-ce qui rend heureux ?
L'observation de l'art ou sa pratique ?
Car la pratique de l'art peut avoir des vertus cathartiques : elle nous permet d'exprimer ( et donc d'évacuer) nos tensions émotionnelles.

Je crois que tu as raison Atil, en évoquant la catharsis ! L'art, l'expression artistique est une catharsis.
Rend-elle heureux ? Encore faudrait définir cet état !
Elle libère, elle défoule et peut entraîner de vraies jouissances ! Mais elle est aussi la manifestation d'un manque !
La contemplation de l'art, c'est une affaire de culture ! La béatitude n'est possible que si elle est nourrie d'une solide culture artistique. Je doute que l'on puisse "prendre son pied" dans la chapelle Sixtine, si l'on ignore le travail de longue haleine effectué par Michel Ange. Trouver beau, ce n'est pas "prendre son pied" . C'est juste trouver beau, c'est agréable !!!!

Lubie

Puisque Atil à posé les questions que je voulais poser...

je note une remarque de Lubie :

Citation :

La béatitude n'est possible que si elle est nourrie d'une solide culture artistique

Une question m'apparait alors, puisqu'il faut une certaine culture artistique afin d'être touché par un art...on peut trouver moche quelque chose qu'on appelle "art" aussi.
La beauté obeit-elle à des rêgles universelles ? C'est quelque chose d'assez subjectif d'ailleurs, la beauté...
Quand je regarde certains tableaux...oui je les trouve beau, certains sublimes.Quand j'en regarde d'autres je me dis bof bof.
Alors on peut dire que la beauté parle d'elle même...d'accord, mais il y a tout de même un certain conditionnement culturel.Je pense à cet histoire de la grande statuette là celle de David, où des touristes japonais tombaient dans les pommes et que c'était du à leur culture etc...

Je me souviens d'un sujet de disseration de philo, il y déjà quelques années, qui demandait : "la beauté est-elle dans le regard ou dans l'objet regardé ?"
Si elle était dans l'objet regardé, de manière objective et universelle, alors les hommes occidentaux trouveraient sans doute merveilleusement belles, attirantes et fécondes les femmes à plateau ! Je doute sincèrement que ce soit le cas...
Je pense que la beauté est culturelle, qu'il n'y pas de beauté universelle, atemporelle, objective. Je pense que nous forgeons, en fonction de la société dans laquelle nous évoluons, nos propres canons de beauté.
On trouve dans "l'esthétique" d'Hegel des pages très enrichissantes à ce propos…

Ce qui me semble intéressant de considérer, c'est que la beauté sous-tend toujours des valeurs qui, elles, sont universelles, et universellement humaines : qu'est-ce qu'une chose, une oeuvre, une personne considérée comme belle sinon un objet de désir et d'amour ?
Voilà peut-être l'essence de l'art, de l'idéal artistique : inspirer l'amour ; l'amour qui est la manifestation la plus aboutie, peut-être, d'un désir de Vie.

Resterait, à présent, à définir l'art ! Mais, je l'avoue : cela me semble bien art-du !!!--13

Lubie

Je pense que contempler et faire de l'art sont deux choses qui se complètent. On ne regarde pas ses propres créations comme on regarderait une oeuvre extérieure. L'avantage d'une oeuvre extérieure, c'est qu'elle est est inconnue et qu'elle permet la surprise et l'étonnement. Il s'agit de l'impression.

De son côté, la création personnelle apporte le plaisir de l'acte créatif, forger l'esthétique suivant sa volonté et ses caprices. Il s'agit de l'expression.

J'estime qu'un 'art ne se vit entièrement que s'il est pratiqué dans les deux sens : impression et expression.



Par contre désirade, une petite question de curiosité : pourquoi as-tu cité séparément la musique et l'art ?

Il existe au moins une composante de la beauté qui ne soit pas culturelle mais pareille pour tout le monde : la composante mathématique.
L'harmonie entre les notes de musique, ca vient des maths.
Le nombre d'or qui régit l'harmonie entre le tout et ses parties dans un tableau ou une sculpture, ca vient des maths.
Etc...

C'est un point de vue platonicien qui se défend !

Atil a écrit:

Il existe au moins une composante de la beauté qui ne soit pas culturelle mais pareille pour tout le monde : la composante mathématique.
L'harmonie entre les notes de musique, ca vient des maths.
Le nombre d'or qui régit l'harmonie entre le tout et ses parties dans un tableau ou une sculpture, ca vient des maths.
Etc...

J'ai tendance à être méfiant avec ce genre de choses. Les rumeurs comme quoi le nombre d'or se retrouverait un peu partout dans la nature ou dans des oeuvres humaines ... ça reste souvent des rumeurs assez arbitraires (on peut même retrouver, parfois, les auteurs de la rumeur).

Par exemple, le coup du Parthénon grec, du tableau de Léonard de Vinci ou encore de la pyramide de Kheops qui contiendraient une expres​sion(cachée) du nombre d'or ... il ne faudrait pas le prendre trop à la lettre.

Le nombre d'or se retrouve au moins , de manière approchée, dans le principe de la peinture chinoise : pour qu'une peinture soit harmonieuse, il fallaiit que l'horizon y soit placé à un tier du bord horizontal.
Donc les chinois, même s'ils ne savaient pas calculer le nombre d'or, essayaient de s'en rapprocher empiriquement car ils ressentaient l'harmonie de cette proportion.

J'aimerais savoir d'où vient l'association entre le nombre d'or et une quelconque "harmonie" esthétique. Le rectangle d'or me semble beaucoup moins harmonieux qu'un carré, ou un cercle ...

De plus, associer le nombre d'or à une "harmonie", et ensuite associer celle-ci à un horizon situé à 1/3 du bord d'un tableau, je ne trouve pas cela très évident ni naturel.

grosratnoir me demande pourquoi dissocier la musique de l'art ?

je réponds que née avec je ne peux la concevoir autrement.
après selon les gens, nous nous y intéressont plus ou moins.

je ne vis presque jamais sans.
toute ma famille proche c'est pareil.

la radio existe pour tous.

après on a le choix, le plus souvent.
non ?

ça a le mérite d'être clair ! --19

autre exemple, ce soir j'avais enregistré TARATATA, émission bien connue de Naguy.

un pur chef d'oeuvre.
pour moi, c'est comme l'eau que je bois tous les jours, indispensable.

pas de vie sans musique ou sans livre.

donc l'art rend heureux même si une personne de la rue, sans culture, ni argent, si intéresse ne serait-ce qu'un tout petit peu, de loin, juste comme ça.

Je suis curieux de savoir ce que la musique t'apporte, dans la vie de tous les jours ? Écouter un morceau te procure-t-il autre chose qu'un plaisir divertissant, un loisir ?

je vais essayer de l'expliquer.

ça semble être de l'ordre du "mystique" ... lorsque j'écoute de la musique par exemple à l'opéra, c'est immédiat et phénoménal.
j'ai les frissons, chaud, froid et je pleure comme un bébé.
encore faut-il que la musique me touche, le Tristan et Yseult de Wagner, non ! --13

le reste comme Corinne Bailey Rae, une de mes dernières découverte ... je reste sans bouger, j'écoute et je trouve que la vie est belle. il se trouve qu'elle est aussi jolie et coquête donc en Live, le top ! j'adore les concerts car tout ce dont je vais de parler est amplifié.
--12
même lorsque je vais très mal, ça fonctionne avec un peu moins d'intensité mais ça fonctionne.

Si l'art rend heureux alors il peut aussi rendre malheureux.

Il n'y a pas que l'art qu'on aime : il y a aussi celui qu'on n'aime pas.

Quand je vois tous ces cons qui s'esbrouffent devant l'art contemporain, cette bande de cocos qui achètent des oeuvres qui ne veulent rien dire, au prix d'une bagnole ou d'une villa à Saint-Trop'... Ça, ça me fout les chocoboules grave.

On en revient donc à ce que je disais plus haut : sans une solide culture artistique on ne peut pas "prendre son pied" … mais l'on peut simuler !!!!
Quand l'art devient un business, il devient aussi une formidable simulation ! Mais comme on simule tous ensemble, dans les vernissages et compagnie, et bien on trouve un plaisir incroyable. Et les tableaux qu'on achète veulent dire : "Oh ! regardez comme je suis pêté d'oseille ! Et l'autre guignol répond, " C'est magnifique, véritablement splendide ! Ca vous va à ravir !"
En attendant, il y a des artistes bourrés de talent obligés de skatter des ateliers miteux.


T'as raison PizzaMan, c'est écoeurant !!!

Comment fait-on la diférence entre une culture artistique et un lavage de cerveau pour nous faire aimer tel ou tel type d'oeuvre ?

Je ne sais Atil si je vais parvenir à répondre à ta question. En tous cas, j'essaie :

Culture artistique : Klein s'est montré particulièrement audacieux avec son Bleu, et c'est cette audace en soi qui constitue un acte de création.

Lavage de cerveau : Faire des Bleus à la chaîne, c'est super tendance !!!

Pourtant ta phrase sur Klein ressemble exactement à ce que j'ai déja lu dans des livres de lavages de cerveau artistiques (encore que ceux-ci utilisent des phrases en général + compliquées pour éblouir les gens).

Imaginons qu'un art nouveau apparaisse. Appelons-le "l'art machin".
Imaginons aussi que cet art machin ait peu de succés auprés du public. Qu'est-ce que cela signifie ?

1) Que cet art est trop nouveau, trop avant-gardiste pour être compris tout de suite.
Les gens doivent donc apprendre à le décoder, comme on apprend une langue nouvelle, pour pouvoir l'apprécier. C'est une affaire de culture artistique.

2) Que cet art est nul et que c'est normal qu'il soit rejeté.
Mais en répétant à longueur de journée que cet art est génial, en le déclarant dovtement aux petits enfants dans les écoles, en leurs lavant le cerveau avec ca, les gens finiront pas faire semblant de l'aimer pour ne pas paraitre ringards ... et finalement ils finiront même par croire qu'ils l'apprécient.

Pas facile de distinguer ou commence la culture et ou finit l'endoctrinement.

oui enfin, il suffit de suivre deux ou trois cours aux Beaux Arts et l'on te présente l'audace créative de Klein... Rien d'original là dedans et pas la peine d'aller se plonger dans des bouquins sur le lavage de cerveau !!!

Je réponds très brièvement à ta question : la culture tu l'acquiers quand tu es curieux, ouvert d'esprit, autonome et quand tu as la chance de cotoyer quelques artistes généreux... pas forcément de grands génies mais des gens honnêtes, qui se font plaisir.
L'endoctrinement tu y échappes de la même façon.

Atil voit des new-age qui parlent un language creux, et il voit aussi des artistes qui parlent le même language en bois... On n'en sort plus, finalement

C'est pourtant vrai. Mais moi qui n'aime pas particulièrement l'art, au passage d'Alain Chabat à Ardisson, qui disait qu'en fait tout ce qu'on a à faire devant une oeuvre d'art c'est de l'admirer, de l'aimer ou de ne pas l'aimer, j'ai tout compris. Et comme il disait, si on veut se renseigner sur l'artiste ou sur l'oeuvre en question, il suffit d'aller voir sur Googueule.

Beaucoup de gens se coupent de l'art, parce qu'ils croient qu'il faut être un initié afin d'apprécier une oeuvre. Alors qu'il n'en est rien en fait.

On peut aimer l'art, point barre. J'ai trop vu de gens au Louvre, avec la mine fermée, l'air glauque, distant et froid, qui soit-disant admiraient ces oeuvres. Ils ne donnaient pas du tout l'impression d'être touchés. Et s'il y a bien un endroit où il faut s'abandonner, c'est bien au Louvre.

Finalement, je trouve bizarre la question...
Depuis un bon bout de temps, l'art ne rend plus les gens aussi heureux.
Certains s'en coupent parce qu'ils croient que c'est réservé à l'élite.
D'autres qui semblent apprécier, le font parce que c'est un business.
Et tout le reste s'en tapent comme de leur première poussée d'acné.