Apprendre à mourir, la méthode Schopenhauer

d'Irvin D. YALOM

[...] "Vivre dans le désespoir parce que la vie a une fin, parce qu'elle ne propose pas de but élevé ou de projet grandiose, voilà qui est faire preuve d'une ingratitude grossière. Se fabriquer un créateur omniscient et consacrer sa vie à d'intermiables génuflexions n'a aucun sens" [...]

passage tiré du même livre page 21.
Je voudrais réfléchir avec vous sur ce passage qui pour moi n'est (ne dis) pas ce qu'il semble être (ou dire)
merci de votre contribution.

je recommande vivement ce livre.

Il me semble que l'auteur dit, d'une part, qu'être désespéré parce qu'il faudra mourir un jour ou parce que la vie ne permet pas d'atteindre le sublime, c'est ne pas reconnaître qu'être en vie est un don, un cadeau.
Il dit d'autre part qu'il est insensé de consacrer sa vie à se soumettre à un dieu qui empêcherait de profiter de la vie.

C'est une apologie du carpe diem et de l'autonomie, j'ai l'impression. Que penses-tu que ce passage soit ou veuille dire ?

Si la vie est un don ou un cadeau pour certains, elle peut être une plaie pour d'autres. Tout dépend du point de vue.

Et la phrase extraite réduit le désespoir à bien peu de choses...

Et puis, je ne ferais pas d'une partie un tout...

Schopenhauer a usé de son intellect en s'interrogeant sur la vie en général.
Mais comme il était intellect pur, pour moi , il a un petit peu "déconné" sur sa conclusion.

La vie ne peut pas être un cadeau.
En effet :
On ne peut pas offrir quelque chose à quelqu'un qui n'existe pas encore.
Et puis un cadeau qu'on impose à qulqu'un sans qu'il ait le droit de le refuser ce n'est pas un cadeau.
On a parfaitement le droit de refuser un cadeau quand même .

La vie n'est pas un cadeau.
Et quand on ne demande rien à la vie, c'est la meilleure façon de l'aborder.

Je ne sais pas si la vie est un cadeau ; en tous cas l'auteur parle d'ingratitude. Il y a bien l'idée de non reconnaissance face à un don dans l'ingratitude, non ?

Dans ce cas, l'auteur se plante complètement en parlant d'ingratitude puisque la vie n'est pas un cadeau pour les raisons mentionnées.

Bon !

Tout le monde peut se tromper.

Mais il me semble quand même que la question de Désirade portait sur la citation de l'auteur ; citation à analyser au préalable me semble-t-il. Si l'on considère que l'auteur s'est planté complètement, avant d'essayer de comprendre ce qu'il a voulu dire, on ne peut plus vraiment discuter.

Mais on ne peut pas disserter à partir d'un simple extrait.

Oui peut-être que c'est un peu court mais on peut quand même voir que l'auteur privilègie , dans cet extrait, la vie au présent et le refus de toute croyance aliénante.
Est-ce que pour éviter le désespoir, il faut vivre dans le ici et maintenant, sans se soucier de toute croyance ? Ca peut être une des question que l'extrait pose, non ?

non

Et bien je crois que si. Mais bon…

Tel qu'il est présenté, cet extrait n'a aucune logique. Rien dans cette citation ne justifie qu'on en arrive à la conclusion que "voilà qui est faire preuve d'une ingratitude grossière".
Ca ressemble à une réaction de chrétien choqué qu'on ne soit pas reconnaissant entre Dieu le créateur.
Hors Schopenhauer n'était pas influencé par le christianisme mais par l'hindouisme.
Donc je ne sais pas pourquoi il dit ca.

Tel qu'il est présenté cet extrait à une signification et qui n'est pas révolutionnaire : vivre l'instant présent, se contenter de ce que l'on a, éviter de passer sa vie à tendre les mains vers Dieu.
Cet extrait est tiré d'un ouvrage qui s'intitule "apprendre à mourir, la méthode de schopenhauer". Je conçois bien qu'indépendemment de la notion de désespoir, il n'y a pas beaucoup de référence au philosophe ici. Mais la citation en soi mérite (ou non) qu'on l'interroge.

Coller aux textes peut permettre de trouver du sens, voire de réfléchir. Enfin, c'est ce que je crois.

Non non...sa philosophie...enfin la conclusion qui découle de sa philosophie est qu'il n'y a pas de sens à la vie et qu'en gros il vaut mieux renoncer à vivre.

Pour Shopenhauer, certes, mais pas forcément pour l'auteur de cette citation. Enfin je n'en sais rien, c'est de la spéculation.
Je sais en tous cas qu'il y a plein d'auteurs qui s'inspirent bon an mal an de Shaupenhauer aujourd'hui que personnellement je fuis comme la peste et qui font des essais de philo plus ou moins médiocres.

C'est vrai que cet extrait de Schopenhauer ressemble à de la morale à la sauce chrétienne. De plus, il est aussi vrai que rien ne démontre dans cet extrait que nous devrions inconditionnellement montrer de la gratitude face à la vie.

Cet extrait est simplement sorti de son contexte littéraire, à mon avis. C'est ce qui explique son côté absurde.

Extraite de son contexte cette citation est pour moi pleine de contradictions, si la vie ne vaut pas d’être vécue , cela doit fatalement mener au désespoir.
Si malgré cela on ne doit pas succomber au désespoir c’est qu’on a renoncé à l’élan vital.

D’autre part , la vie ne vaudrait-elle d’être vécue que dans l’accomplissement de grands projets ?
Seul un orgueil démesuré peut s’en convaincre
Et si croire en Dieu était le seul sens qu’on puisse trouver à la vie, pourquoi pas ?
Grossièrement résumée : on doit accepter une existence médiocre et éphémère sans se lamenter ni chercher de réconfort dans l’illusion.

Assez déprimant pour ma part , je préfère donner du sens à la vie en dépassant la médiocrité . (mais evidemment ça n'apprendrait pas à mourir .

[...] "Vivre dans le désespoir parce que la vie a une fin, parce qu'elle ne propose pas de but élevé ou de projet grandiose, voilà qui est faire preuve d'une ingratitude grossière. Se fabriquer un créateur omniscient et consacrer sa vie à d'intermiables génuflexions n'a aucun sens" [...]

Je ne sais comment vous la lisez cette citation mais j'ai bien l'impression que vous faites de sacrés contre sens.
D'abord, elle n'est pas de Shopenhauer mais de Yrvin D Yalom.
Ensuite elle n'est ni absurde, ni contradictoire. Elle n'a rien de révolutionnaire, elle n'apporte aucun enseignement qui n'ait déjà été apporté. Elle est plate et fade. Mais logique :

L'auteur dit : si l'on vit dans le désespoir parce que l'on doit un jour mourir, ou parce que la vie ne permet pas toujours d'atteindre des trucs grandioses, c'est que l'on fait preuve d'ingratitude (face à la vie). Autrement dit, il propose implicitement une philosophie du carpe diem, de la résignation - il rejette ici, en sous-entendu, le momento mori inquiet des sceptiques.
Par ailleurs, il n'y a rien qui puisse relever de la sauce chrétienne dans ce qu'il dit puisqu'il affirme que se créer un Dieu omniscient (comme peut l'être le Dieu des Chrétiens) et passer sa vie à "faire des génuflexions" n'a pas de sens.

Vous deviez vous prendre de sacrées bâches en rédaction, non ?

c'est trop facile maintenant de dire que je m'étais plus arrêtée sur l'auteur de la phrase que sur la mention de Schopenhauer dans le titre du livre. Je me marre quand même de ta remarque pertinente, Lubie.





Et puis pour rester plus sérieuse, dire que "se fabriquer un créateur omniscient ...//... n'a aucun sens" est un jugement de valeur qui n'a pas sa place dans son postulat départ ( c'est une grossière ingratitude que de vivre dans le désespoir ... ). C'est faire un amalgame très facile et juste à cause de cela je me méfierais que cet auteur comme d'une personne qui veut bouffer du Christianisme .... c'est très à la mode, ces temps.
Mais bon .... c'est un psychiatre et s'il est de la même "orientation" que Scott Peck, autre psychiatre américain célèbre, je le classerais dans les auteurs à tendance new-âgeuse.

Tout à fait ! cet auteur démonte des choses sans argumenter son propos. Il émet des jugements de valeur arbitraire, utilise le présent de vérité génerale pour bien nous convaincre qu'il a raison mais comme il ne démontre rien, ses réflexions n'ont aucune valeur argumentative.
Mais ce n'est ni absurde, ni contradictoire ! Ca a déjà été dit et redit, en plus !

Scott Peck ? Le chemin le moins fréquenté ??? J'ai lu ça quand j'avais 18 ans ! Je me marre aussi, tiens !