À quoi sert la philosophie ?

Sophie, je n'aime pas cracher dans la soupe. Cela me dégouterait moi-même et serait une injure pour celui ou celle qui l'aurait mijoter avec amour.

Merci de m'inviter à préciser ma pensée: je rejette les théorisations, abstractions et constructions de tout genre qui sont coupées de l'expérience en rapport avec la réalité et auxquelles de ce fait je ne peux pas avoir accès.

Tu me permets d'ajouter en rapport avec notre sujet: à quoi sert la philosophie?

La philosophie ou plutôt les philosophes m'intéressent à partir du moment où je sens que je peux entrer en échange avec eux, bien sûr en fournissant moi-même une attention, un souci, une écoute, une disponibilité et quitte à ne pas être d'accord pour pouvoir aller plus loin.

Sinon, si c'est trop hermétique après m'être mise en disposition d'accueillir leurs pensées, je détourne mes talons, quitte à y revenir plus tard et ainsi desuite...si besoin.

Eleuthère a écrit:

Merci de m'inviter à préciser ma pensée: je rejette les théorisations, abstractions et constructions de tout genre qui sont coupées de l'expérience en rapport avec la réalité et auxquelles de ce fait je ne peux pas avoir accès.

Je suis bien d'accord avec toi... Les théories, abstractions, constructions et autres concepts réduisent trop la réalité. Mais pour l'instant, notre regard limité n'a rien trouvé de mieux pour expliquer la réalité qui reste bien mystérieuse pour l'homme. Loin des agitations terrestres, perdu dans l'Univers, l'homme se demandera toujours quel est le but de son existence. Il a donc besoin de trouver des réponses à son ultime question : Pourquoi ? Mais à défaut de ne pouvoir y répondre, il se réfugie dans des théories scientifiques, des concepts philosophiques ou psychologiques, voire dans la spiritualité pour pouvoir expliquer la réalité qui le dépasse et ainsi pour pouvoir agir.

Alors Sophie, est-ce que nous pourrions dire que philosopher, c'est construire du sens pour tenter de sortir de l'informe?

Oui, on peut dire ça. Mais dans un sens, on ne peut pas placer toutes les formes de connaissances au même niveau même si chacune d'elles témoigne de la multiplicité du réel. Le savoir c'est la représentation des connaissances humaines valables pour tous les hommes. Il permet de dissiper nos doutes, d’y voir plus clair et donc d'apporter de la cohérence à notre niveau, c'est à dire de notre point de vue d'être humain et cela même si la réalité nous dépasse. Mais il ne permet pas pour autant d'admettre toutes les formes possibles de connaissances comme valables. Il faut que ce savoir soit pertinent et cohérent pour permettre à l'homme de s'adapter au monde.

Sophie a écrit:

Citation :

Mais il ne permet pas pour autant d'admettre toutes les formes possibles de connaissances comme valables. Il faut que ce savoir soit pertinent et cohérent pour permettre à l'homme de s'adapter au monde.

Ce savoir est pertinent et cohérent par rapport à une conscience.

Oui, mais peut-on étendre le savoir subjectif de l'individu à un savoir cohérent et nécessaire à l'adaptabilité des hommes ? Ce serait risquer d'admettre toutes formes de connaissances parmi les plus extravagantes (par exemple les sciences occultes) comme valables. Je crois qu'il faut rester prudent.

Il me semble Sophie, devoir considérer la questions des valeurs pour pouvoir continuer notre discussion

Mais je ne suis pas dans ta tête Eleuthère. Ce serait donc assez commode de développer ta pensée...

Il semble qu'il y ait un malentendu Sophie. Je n'attends pas que tu penses pour moi.....

Ce qui m'intéresse, c'est que nous puissions partager, confronter nos idées et ne pas être nécessairement d'accord!

Nous parlions de conscience, de cohérence, cohérence par rapport à quoi?

C'est pour cela que j'amenais la question des valeurs qui me paraît être un point d'articulation possible par rapport à la question de la cohérence.

Pourquoi la question des valeurs te semblent être un point d'articulation possible par rapport à la question de la cohérence ? Et qu'entends-tu par "valeurs"... les valeurs morales ?

Il me semble que la notion de cohérence, puisque nous parlions aussi de cela, est cohérence par rapport à quelque chose d'autre. La cohérence d'un texte, la cohérence dans des propos, etc.

Qu'est-ce que c'est que la cohérence? par rapport à quoi dans ces situations?

Mais j'essaie de ne pas m'égarer. Restons sur la question de la cohérence et des valeurs.Par exemple, je vais tentais de donner de la cohérence à ma vie par rapport à mes valeurs ou fondamentaux.

Il me semble que pour qu'il puisse y avoir possibilité de cohérence avec d'autres que soi, il faut qu'il y ait une base suffisamment commune de références ou de fondamentaux.

Etre cohérent, c'est être présent au monde et à soi-même. Mais les valeurs morales (bien/mal) sont-elles toujours cohérentes ? Elles séparent alors que la cohérence rassemble ou plutôt relie afin d'unir les aspects multiples et complexes de notre pensée. Force est de reconnaître que le mal est indispensable au bien et que toute valeur est nécessaire à son contraire. Ainsi être cohérent, c'est être capable d'établir des connexions afin de créer une unité, une harmonie par rapport aux aspects complexes qui composent l'individu.

Alors dans ce cas, je pense que nous n'en avons jamais fini avec la cohérence car il y en a des nœuds à démêler, à moins de se satisfaire d'évidences...

Sachant que chaque expérience vécue en conscience m'amène à me questionner et à tenter à le relier à d'autres points pour faire justement cohérence.

Cela me rappelle la "tête de noeuds" de Géo rum phil!

C'est une chance qu'il y ait des noeuds car où serait la place pour la créativité?

Mais je reviens avec ma question: tenter de démêler les noeuds, déjà à condition de les voir, les relier à d'autres points, d'accord, mais selon quoi?

La cohérence d'un individu ne peut se résumer à un principe simple car l'être humain est lui-même très complexe et incomplet. Ce qui nous pousse à plus de cohérence, c'est peut-être notre instinct qui de façon innée nous aide à maintenir les ressources nécessaires à la survie de notre espèce.

Je m'explique... L'enchaînement logique et ordonné de notre raisonnement qui relie une idée à une autre vient probablement de la nécessité pour l'homme de répondre aux défis de la nature toujours dans un souci d'adaptation à la réalité. Peut-être avons-nous intellectualisé cette faculté innée au cours de notre évolution, en réponse à la réalité qui nous échappe mais à laquelle on se confronte quotidiennement. Quoi qu'il en soit, on aspire toujours à une certaine cohérence pour trouver une unité malgré nos complexités.

Il y a un paradoxe, car comment trouver de la cohérence à travers une pensée mouvante et son incapacité à répondre aux questions existentielles du philosophe ? Tout comme l'art, je ne sais pas si la philosophie a une utilité... À vrai dire, j'en doute. Et dans le fond, pourquoi faudrait-il qu'elle en ait une ? Elle n'est peut-être qu'une expérience contemplative qui révèle l'âme des hommes.

le 9 juillet Sophie écrivait:

A quoi sert la philosophie?

Citation :

À rechercher la vérité ?
Pourtant la vérité ne se discute pas. Elle s'impose d'elle-même comme un évidence. Si on recherche la vérité, on s'égare dans les profondeurs de notre esprit.
Alors on prend ses idées subjectives pour la réalité... car on s'arrange toujours avec la vérité.

Du grec philosophos (ami de la sagesse), la philosophie serait l'amour de la sagesse... Mais qu'est-ce que la sagesse ?

Sophie le 9 novembre

Citation :

Elle n'est peut-être qu'une expérience contemplative qui révèle l'âme des hommes.

Ce qui m'intéresse de constater, c'est que de la question "à quoi sert la philosophie qui m'évoque une idée d'utilité à caractère général, tu en viens à proposer qu'il s'agirait plus d'une expérience subjective qui permettrait d'approcher une dimension collective, "l'âme des hommes"? La philosophie aurait donc plus à voir avec la question de l'Etre?

Bien vu... J'aurais peut-être dû dire "les âmes des hommes" parce que la rationalisation globalisante de "l'âme des hommes" me semble clairement impossible. Mais peut-être la philosophie permet-elle de se redéfinir en changeant inlassablement de masques, dans un dialogue indéfectible avec soi-même, pour se fixer des repères dans un monde commun ?

Citation :

sophie.h a dit...
Bien vu... J'aurais peut-être dû dire "les âmes des hommes" parce que la rationalisation globalisante de "l'âme des hommes" me semble clairement impossible.

Mal vu...!
Paradoxalement, la rationalisation globalisante d'une âme via une ensemble (orchestre-spectateurs) me semble clairement possible.

Très joli exemple, Geo ! "L'âme des hommes" serait comme une symphonie humaine, avec ses mouvements parfois vifs, parfois lents... qui suscite l'émotion.

sophie.h a écrit:

Très joli exemple, Geo ! "L'âme des hommes" serait comme une symphonie humaine, avec ses mouvements parfois vifs, parfois lents... qui suscite l'émotion.

Va savoir, pourquoi ton ami Nietzsche a dit que la musique est un langage qui ne dit rien !

Les grandes émotions des égoïstes qui aiment dissimuler leurs actions financières disharmoniques dans le monde des autres.

Citation :

Paradoxalement, la rationalisation globalisante d'une âme via une ensemble (orchestre-spectateurs) me semble clairement possible.

...selon un exemple concret, non selon une affirmation formelle gratuite !

A condition qu'il y ait une âme dans le "choeur" ou dans le public pour sentir l'âme des hommes et participer à sa sa manifestion.

Sans émotions aurions-nous une âme ?

La question des émotions m'intéresse!

Comme interface de moi et du monde!

Spontanément, je répondrais, il nous faut considérer alors le corps d'une façon "sacrée".

L'incarnation est un mot important pour moi.

Nos émotions sont complètement liées au corps et à l'esprit, dans un mouvement qui va de l'extérieur vers l'intérieur et inversement. Je ne vois donc pas pourquoi le corps devrait être privilégié par rapport à l'esprit ?

Parce qu'on l'oublie si facilement au profil du mental, des a priori, des normes établies non requestionnées qui nous enferment douloureusement. le corps n'est plus ouverture au monde mais prison.

Voilà pourquoi, Sophie j'insiste. Bien sûr que je ne sépare pas les deux!